La ville de Bafia, chef-lieu du département du Mbam-et-Inoubou, traverse une crise énergétique sans précédent depuis plusieurs mois. Les habitants, exaspérés, dénoncent des coupures d’électricité répétées, longues et imprévisibles, qui paralysent leur quotidien et étouffent progressivement l’économie locale.
Bafia broie du noir
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Energie électrique : Eneo et l’Etat débranchent Bafia

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La ville de Bafia, chef-lieu du département du Mbam-et-Inoubou, traverse une crise énergétique sans précédent depuis plusieurs mois. Les habitants, exaspérés, dénoncent des coupures d’électricité répétées, longues et imprévisibles, qui paralysent leur quotidien et étouffent progressivement l’économie locale.

Dans cette cité de près de 70 000 habitants, les plaintes fusent à chaque coin de rue. « On dirait qu’Eneo a décidé de nous effacer de la carte », lâche amèrement Joseph, propriétaire d’un petit atelier de soudure dans le quartier Ndengué. Comme lui, de nombreux artisans et commerçants peinent à maintenir leur activité. Les congélateurs hors service, les machines à l’arrêt et les recettes en chute libre témoignent d’une réalité où l’électricité est devenue un luxe instable, générant un stress constant.

Face à cette situation, l’entreprise Eneo, concessionnaire chargé de la distribution de l’énergie électrique au Cameroun, demeure silencieuse. Aucune communication officielle n’a été émise pour expliquer ou justifier cette série de délestages qui s’éternise depuis des mois.

Plus préoccupant encore, l’inaction des autorités administratives locales et des élites politiques de la région alimente un sentiment d’abandon. « Personne ne s’en soucie, ni le préfet, ni les députés, ni les ministres originaires de la région », déplore Sylvie, enseignante dans un lycée de la ville. « On a l’impression que Bafia dérange, alors on l’éteint », se lamente-t-elle.

Ironie du sort, cette détresse énergétique survient au moment même où le Cameroun vante les mérites du barrage hydroélectrique de Nachtigal, mis en service récemment et censé injecter 420 mégawatts supplémentaires dans le réseau national. Présenté comme un projet structurant pour résoudre la crise énergétique dans le pays, cet ouvrage situé sur le fleuve Sanaga, à une centaine de kilomètres de Yaoundé, n’a pour l’heure aucun impact tangible sur la situation à Bafia. Pour les populations locales, cette promesse d’abondance électrique reste un mirage. L’offre énergétique nationale semble contourner la ville, comme si Nachtigal éclairait tout sauf ceux qui en auraient le plus besoin.

Parallèlement, les conséquences économiques se font déjà ressentir. Les petites unités de transformation, les salons de coiffure, les boulangeries et les cybercafés fonctionnent au ralenti, voire ferment temporairement. Seules quelques structures dotées de groupes électrogènes parviennent à maintenir un semblant d’activité, mais cela entraîne des frais de carburant élevés.

Enfin, l’insécurité s’installe progressivement, exacerbée par l’obscurité nocturne quasi permanente. Dans l’attente d’une réaction de l’État ou d’Eneo, la ville, résignée mais digne, continue de survivre. Dans le noir.

Simon Keng, de retour de Bafia

Simon Keng

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