Malgré leur qualité et leur durabilité, les objets périmés en provenance des pays industrialisés connaissent une concurrence de taille dans la capitale économique camerounaise. Ce mardi 3 juin 2025 est jour « d’arrivage » pour certains gérants de magasins.
Chaises, objets de cuisine, téléviseurs, ordinateurs, guitares, baffles, moteurs, salles à manger, etc. Ces marchandises de seconde main jonchent le long de la rue Foucault à Akwa, à Douala, capitale économique du Cameroun.
Entre décharge, vérification, pression, vigilance et attention, les brocanteurs sont en mouvement. C’est un jour pas comme les autres. Ce mardi 3 juin 2025, il y a arrivage. Plusieurs boutiques chargées des « déchets » des pays industrialisés, grouillent de monde.
Après plus de deux mois d’attente, les conteneurs sont enfin arrivés. « Je n’ai pas le temps de vous parler», lance dans la foulée, un gérant de brocante. Un peu plus loin, Clarkson Tabi, un autre tenancier d’une brocante à la rue Foucault, se confie sur la provenance de ces objets: « la marchandise vient d’Allemagne. Pour que ça arrive au Cameroun, ça dépend de la ligne que vous prenez. Si vous empruntez une ligne moins chère, vous ferez environ trois mois pour être au pays. Avec une ligne chère, vous avez au moins un mois pour être là ».
Tout comme Tabi, Chimène Ngouemeta importe sa marchandise des pays occidentaux malgré la lenteur. « Nos objets viennent d’Allemagne, de la Belgique et rarement de la France. La société avec laquelle on gère pour le moment n’est pas rapide, donc la marchandise passe par Lomé au Togo et de là, on cherche les petits bateaux pour la destination finale vers le Cameroun. Généralement ça fait un à deux mois », explique-t-elle.
Une fois arrivés à Douala, les conteneurs peuvent passer entre une et deux semaines au port avant de sortir. Ce temps permet à leurs propriétaires d’effectuer un dernier contrôle et de payer les taxes douanières.
Les importateurs suivent de près leur conteneur, du point de départ jusqu’au point d’arrivée afin de s’assurer qu’aucun problème ne survient pendant le trajet.
La brocante est mieux que le Chinois, mais…
Ces objets d’occasion, malgré leur ancienneté, sont considérés par certains Camerounais comme étant de bonne qualité. « La brocante est meilleure que le Chinois grâce à sa durabilité. Tu achètes une chaise chez les Chinois, tu auras une garantie de six mois au trop. Alors qu’à la brocante je peux te donner deux ans de garantie toi-même tu utilises jusqu’à tu jettes et cela est valable pour n’importe quel appareil », vante Clarkson Tabi brocanteur.
Entre coûts exorbitants du loyer et les impôts, la brocante traverse une zone de turbulence. « Ce n’est pas facile de s’en sortir ici, tu paies le loyer à 200.000 FCFA par mois, tu paies 400.000 FCFA aux impôts, les employés sont là, il faut les payer, c’est très dur. Vendre même un produit est devenu difficile comme vous pouvez le constater par vous-même et les gens de la Mairie gâtent le marché. C’est pourquoi on n’expose plus sinon ils vont prendre et quand un client vient, il ne trouve pas ce qu’il veut, il part seulement pourtant l’article est à l’intérieur », s’indigne Tabi.
Malgré la présence des pièces rares et d’origine, l’activité fait face à une concurrence jugée déloyale. Les Chinois ont gagné du terrain. Ce qui oblige les propriétaires de ces brocantes à revoir les prix de leurs marchandises à la baisse pour faire les yeux doux aux clients.
Ghislain Ntjam, stagiaire
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