Ils dénoncent la baisse vertigineuse de leurs commissions, l’insécurité et l’arnaque dont ils sont victimes au quotidien dans l’exercice de leurs fonctions. Orange Cameroun réagit, MTN Cameroon choisit le silence. 
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Transfert mobile : le chemin de croix des agents du Cameroun

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Sur un total d’environ 20 000 points de vente, au moins 10 agents de transfert mobile perdent la vie chaque mois dans l’exercice de leurs fonctions au Cameroun. Plus de 50 d’entre eux subissent des agressions physiques qui se soldent généralement par des blessures. Au même moment, les plus chanceux doivent faire face aux nombreuses pressions des opérateurs Orange Money et MTN Mobile Money et de certains de leurs fournisseurs agréés qui leur vendent des cartes SIM commerciales à des prix exorbitants, allant de 20 000 FCFA à 60 000 FCFA, sans que celles-ci ne soient enregistrées à leurs noms.

Ces SIM peuvent être bloquées à tout moment avec leurs capitaux. « Cela est possible car les contrats que nous signons sont conservés par les fournisseurs sans qu’aucune copie ne nous soit remise. Dans la plupart des cas, la lecture et la signature se font sur place, et le besoin urgent de travailler pousse les jeunes camerounais à accepter ces conditions ». Ces dénonciations sont contenues dans une publication destinée aux autorités camerounaises que nous avons consultée. Le signataire dudit texte, Jacques Eugène Etoundi, responsable d’un point de transfert d’argent mobile, dénonce le calvaire que lui et ses confrères vivent au quotidien.

Plus loin, il soupçonne certains employés internes de travailler avec les fraudeurs. « Lorsqu’un client effectue un dépôt ou un retrait, une notification comportant une signature exclusive à l’opérateur nous est envoyée. Comment expliquer que des individus malintentionnés aient accès à ces notifications, qui devraient relever du strict secret professionnel et de la sécurité contractuelle ? » s'interroge-t-il.

L’instabilité des commissions qui leur revient est également déplorée. « Tu peux faire un retrait de 500 000 FCFA, on te donne une commission de 450 FCFA, une autre personne vient faire le retrait du même montant, on va te donner une commission de 200 FCFA. Alors que dans les normes, ça devrait être 450 FCFA. Ce n’est pas stable. Voilà comment ils jonglent avec leurs commissions », dénonce Irène K, gérante d’un point mobile money à Akwa.

Orange Cameroun réagit 

Face à ces accusations d’une extrême gravité, nous avons adressé un questionnaire aux deux opérateurs mobile money concernés. Seul Orange Cameroun a réagi à nos préoccupations. Sur les questions d’intégrité physique des agents utilisant leurs services, l’opérateur rejette l’entière responsabilité sur les distributeurs agréés : « Dans la façon dont est structurée l’industrie du mobile money au Cameroun, il est important de rappeler que les agents Orange Money sont des partenaires indépendants, souvent des commerçants ou entreprises de proximité, qui opèrent sous contrat avec des distributeurs agréés dont ils dépendent à plusieurs égards, notamment sur la question de leur intégrité physique ».

Néanmoins, poursuit l’entreprise, « chez Orange Money, la sécurité et le bien-être des agents partenaires étant des sujets que nous prenons très au sérieux, nous travaillons en intelligence commune avec les parties prenantes pour mettre en place des mesures de renforcement de sécurité des points de services. Ces actions menées dans des cadres d’échanges formels et informels incluent notamment des campagnes de sensibilisation régulière sur les bonnes pratiques de sécurité à l’ouverture d’un point de vente et tout au long de son activité quotidienne, pour éviter le moindre risque. En sus, nous poursuivons nos efforts dans la logique de digitalisation en déployant des solutions innovantes permettant aux clients de limiter la manipulation du cash, ce qui contribue indirectement à réduire tous les risques ».

S’agissant de l’achat des SIM professionnelles destinées aux activités commerciales des points de vente, la direction de la communication d’Orange Cameroun, apprend qu’elles sont « remises gratuitement par nos agents sur une base contractuelle claire, en partenariat avec les distributeurs agrées. Il n’y a donc pas le moindre franc à débourser pour avoir une SIM. La seule condition étant de signer un contrat d’agrément qui valide l’adhésion des partenaires au respect du cadre réglementaire d’utilisation des SIM ». Sur les blocages de SIM, l’opérateur précise qu’ils interviennent très rarement et uniquement en cas de constat d’une activité irrégulière et non conforme. Il dément toute complicité avec des activités frauduleuses. « Nous mettons toute notre énergie à combattre les arnaques au quotidien », affirme Orange qui ne reconnaît pas avoir baissé, depuis plusieurs années, les commissions versées à ses partenaires : « Nous démentons catégoriquement toute affirmation allant dans ce sens ».

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