« Ma vie, ma foi, mon cancer », est un bouquin de 132 pages qu’Annette Eyoum Mouangue, partie en 2020, a laissé à la postérité. Ce témoignage publié par les éditions du Schabel, il y a environ un an, a officiellement été présenté à la presse camerounaise le 6 avril 2025.
6 avril 2020-6 avril 2025. Cela fait 5 ans jour pour jour qu’Annette Eyoum Mouangue a quitté le monde des humains. Rongée par un cancer, elle s’est éteinte à 62 ans. Pendant ses années de souffrance, cette contractuelle d’administration tenait un journal dans lequel elle rapportait son quotidien dans un style simple et accessible. « Témoigner était très important pour elle. Elle était croyante. Il est important de laisser à la postérité des biens qui ne sont pas forcément l’argent, ni l’or, ni les biens matériels, mais il est nécessaire de laisser à ceux qui nous remplaceront bientôt, des traces écrites de ce qu’on a vécu. Et c’est cet effort surhumain qu’elle a fait, qu’elle a tenu à accomplir. Si on lit le livre, on se rend compte que trois semaines avant son décès, elle continuait à écrire. Ce qui s’apparente à une sorte de journal, parce qu’elle écrivait presque quotidiennement pendant un an, ce qui lui arrivait jour après jour », se souvient encore, depuis la France, Eyoum Ngangue, l’un de ses frères cadets qui signe d’ailleurs la préface de ce témoignage bouleversant, lucide et humain.
Malgré le diagnostic qui prenait des allures de sentence de mort, Emma, comme on l’appelait affectueusement dans sa famille, est restée forte jusqu’à son dernier souffle. « Un de ses amis et son autre frère qui l’avaient accompagné à cette consultation étaient effondrés. Mais que fit la principale concernée ? Elle entreprit de les consoler », écrit l’ancien journaliste du quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune.
C’est cet esprit combatif qu’Annette Eyoum Mouangue incarne à travers sa plume. Chrétienne engagée, elle avait foi en Jésus-Christ. « C’est sans doute cette foi qui a fait que, alors qu’on ne lui donnait que quelques mois à vivre, elle a tenu deux ans et demi. Repoussant, à la grande surprise de ses soignants, les limites de son mal », peut-on lire en page 7 de l’ouvrage.

Couverture du livre témoignage d’Annette Eyoum Mouangue », Ma vie, ma Foi, mon Cancer »
Comme une prophétie…
Annette Eyoum Mouangue commence la rédaction de son livre vers fin 2018. Elle la séquence en trois parties. La première est consacrée à sa vie avant la maladie, la deuxième à celle avec la maladie et la troisième à sa relation avec le Seigneur. « Je pense que ce que ma sœur voudrait aimer qu’on retienne, c’est comment est-ce qu’on peut accepter de partir tranquillement, parce qu’aux dernières heures de sa vie, elle a annoncé qu’elle n’avait pas peur de la mort. Elle demanderait donc qu’on n’ait pas peur de la mort, qu’on l’affronte et qu’on croit en Jésus-Christ parce qu’elle avait préparé sa mort, elle était prête », croit Jules Eyoum, l’autre frère cadet de l’auteure.
Annette Eyoum Mouangue avait une longueur d’avance sur son temps. Le 20 février 2020, comme une prophétie…elle annonce, sans le nommer, que le Covid-19 ferait des dégâts dans le monde. « La faiblesse humaine est étalée au grand jour. Tout le monde est dans la psychose. Personne ne sait quoi que ce soit. Personne ne peut aider l’autre, beaucoup de grands sont contaminés », peut-on lire en page 9 de ce livre dont nous avons obtenu copie.
Selon Jules Eyoum, la présentation officielle de ce témoignage, déjà vendu en « 600 exemplaires dans des paroisses au prix unique de 10 000 FCFA», est le début d’une série d’activités en hommage à l’auteure. « Nous comptons mettre sur pied une fondation en sa mémoire pour combattre le mal qui l’a emporté », ambitionne-t-il.
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