Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2025, Maurice Kamto courait le risque de voir son dossier de candidature rejeter. Pour éviter cet écueil, il a démissionné du MRC le 25 juin, adhéré au Manidem le 27 juin (si l’on se tient à sa déclaration, faite lors de la conférence de presse du 19 juillet 2025 à Odza). Par la suite, il a été investi par le Manidem. Cette double manœuvre a permis de contourner la disqualification potentielle de sa candidature en cas d’investiture par le MRC, formation politique non représenté, mais aussi de se conformer à l’article 3 alinéa 2 de la loi n-056 du 19 décembre 1990 sur les partis politiques qui dispose que « nul ne peut appartenir a plus d'un parti politique ». Ce principe de l’unicité de l’appartenance politique a du reste été consacré par le rejet de la candidature de Pierre Mila Assoute par la cour suprême, siégeant comme conseil constitutionnel le 27 septembre 2004.
Dr Patrick RIFOE, Communicant du Lion
A la UneCamerounLe ChroniqueurPolitiqueTribune Libre

Risque de tokoekambisation du dossier de Maurice Kamto entre Elecam et le Conseil Constitutionnel

0

Par Dr Patrick RIFOE, Communicant du Lion

Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre 2025, Maurice Kamto courait le risque de voir son dossier de candidature rejeter. Pour éviter cet écueil, il a démissionné du MRC le 25 juin, adhéré au Manidem le 27 juin (si l’on se tient à sa déclaration, faite lors de la conférence de presse du 19 juillet 2025 à Odza). Par la suite, il a été investi par le Manidem. Cette double manœuvre a permis de contourner la disqualification potentielle de sa candidature en cas d’investiture par le MRC, formation politique non représenté, mais aussi de se conformer à l’article 3 alinéa 2 de la loi n-056 du 19 décembre 1990 sur les partis politiques qui dispose que « nul ne peut appartenir a plus d’un parti politique ». Ce principe de l’unicité de l’appartenance politique a du reste été consacré par le rejet de la candidature de Pierre Mila Assoute par la cour suprême, siégeant comme conseil constitutionnel le 27 septembre 2004.

Pour autant, Maurice Kamto a-t-il contourné l’ensemble des écueils qui rendaient sa candidature rejetable ?

Des conditions de validité de la démission d’un responsable de formation politique

Un responsable de formation politique n’est pas un militant lambda et sa démission est encadrée par la loi. En effet, cette dernière considère une démission de responsable politique comme un changement substantiel des éléments relatifs au dossier de demande de création à savoir :

  • la demande timbrée indiquant les noms, adresse ainsi que l’identité complète, la profession et le domicile de ceux qui sont chargés de la direction et/ou de l’administration du parti ;
  • le bulletin N° 3 du .casier judiciaire des dirigeants ;
  • le procès-verbal de l’assemblée constitutive en triple exemplaire ;
  • les statuts en triple exemplaire ;
  • l’engagement écrit .avec signature légalisée de respecter les principes énumérés à l’article 9 ci-dessous ;
  • un mémorandum sur le projet de société ou le programme politique du parti ;
  • l’indication du siège.

Une démission est donc un changement dans l’identité de ceux qui ont la charge de la direction du parti, et elle doit, de ce fait, être conforme à l’alinéa 2 de l’article 5  de la loi supra disposant que : « tout changement ou toute modification dans ces éléments ainsi que les pièces le constatant, doit être communiqué au gouverneur territorialement compétent ».

Deux éléments clés sont à retenir ici :

  • la communication de la démission de Maurice Kamto au Gouverneur est donc une exigence posée par la loi, loi à laquelle il a tenté de se conformer en démissionnant ;
  • l’exigence d’éléments constatant cette démission. Quels sont ces éléments ? Nous y reviendrons plus loin.

Bien plus, la loi octroie quinze jours au Gouverneur, auquel les éléments ont été communiqués, pour les transmettre au Minat pour information (Cf article 6 de la même loi). Si donc Maurice Kamto a démissionné le 25 juin 2025 comme il l’a prétendu, alors, un récépissé de dépôt de l’ensemble de la liasse de documents attestant de sa démission devrait suffire à démontrer que les 15 jours échus au Gouverneur ont été computés à la date du dépôt de sa candidature à Elecam. Le récépissé de dépôt devrait donc, selon toute vraisemblance, dater du 03 juillet 2025.

De la suspicion légitime de production d’une démission antidatée par Maurice Kamto

Maurice kamto lors de la conférence de presse, donnée samedi 19 juillet au siège du Mrc, affirme avoir démissionné le 25 juin et avoir rejoint le Manidem le 27 juin. Certains éléments sont suffisamment troublants pour permettre de douter de la sincérité de cette déclaration.

En effet, le 06 juillet 2025 soit 11 jours après la supposée démission de Maurice Kamto du Mrc, Mamadou Mota était au Congrès du MDC comme représentant personnel du Président National du Mrc, ainsi qu’il l’a lui-même affirmé. Si donc Maurice Kamto avait déjà démissionné, de qui Mamadou Mota était le Représentant personnel ? Plus troublant encore, Maurice Kamto, qui a déclaré lors de la conférence de presse citée supra, que « ce qui se passe au Mrc, ne le regarde plus » a publié le 05 juin, un texte en français et en anglais intitulé : déclaration au sujet du hub ferroviaire de Makor et de la réhabilitation de certains tronçons du chemin de fer transcamerounais.

Ladite déclaration est faite au nom du MRC dont le logo accompagne le texte. On est donc fondé de se demander si Maurice Kamto  avait démissionné à l’insu de son plein gré, étant, autant que son vice-président ignorant de sa propre démission au regard de cette communication ? Si tel est le cas, cette démission n’est pas conforme aux statuts du MRC.

Bien plus, s’il est avéré que Maurice Kamto a fourni à Elecam ainsi qu’au Conseil Constitutionnel, un faux document, en vertu du principe selon lequel, la fraude corrompt tout, son dossier devrait être rejeté et ce dernier devrait être poursuivi pour faux et usage de faux.

De l’impératif de conformité de la démission et de l’adhésion de Maurice Kamto aux statuts du Mrc et du Manidem

Les statuts du Mrc posent que la démission ou l’empêchement du Président National doit être constatée par le Directoire National à la majorité des 4/5. Cette constatation suppose donc une résolution du directoire prenant acte de la démission de Maurice kamto. Cette résolution est une des pièces constatant sa démission devant faire partie de la liasse de documents adressée au Minat via le Gouverneur territorialement compétent.  Or, le fait que Mamadou Mota, vice-président du Mrc ait été porteur d’un message du Président National au Congrès du MDC le 06, indique bien qu’à cette date, à tout le moins, le directoire n’avait pas siégé à l’effet de constater le départ de Maurice Kamto (l’article 18 b des statuts du Mrc fait du vice-président un membre du directoire). Dès lors, même si le directoire national du Mrc a siégé ultérieurement au 06 juillet pour prendre acte de la démission de Maurice Kamto, sa supposée adhésion au Manidem, prononcée le 27 juin le mettait de fait en situation de double appartenance politique, ce qui devrait conduire à rejeter son dossier pour violation combinée de l’article 6 des statuts du MRC et de  l’article 3 alinéa 2 de la loi sur les partis politiques.

Enfin, l’adhésion de Maurice Kamto au Manidem doit être conforme à l’article 7 de ses statuts qui dispose que « l’admission d’une organisation ou partie d’une organisation, quelle qu’elle soit, d’un groupe quelconque de personnes, d’un ancien dirigeant de parti ou mouvement à caractère politique, est prononcée par le Comité de Direction du Manidem qui en même temps en fixe les conditions ».

Dès lors, pour être conforme aux statuts du Mrc et du Manidem, la liasse de documents accompagnant  la lettre de démission de Maurice Kamto doit obligatoirement comporter la résolution du Directoire National du Mrc constatant sa démission (elle doit être datée au plus tôt du 25 juin et plus tard du 27 juin 2025 afin qu’il ne se retrouve pas en situation de bigamie politique) ainsi que la résolution du Comité de Direction du Manidem prononçant son admission.

Conclusion : Maurice Kamto a déposé sa candidature à … Blida

Pour que la candidature de Maurice Kamto sous la bannière du Manidem soit admise, il faudra que sa démission du MRC et son admission au Manidem soient conformes aux articles 68, al 2 des statuts du MRC et 7 des statuts du Manidem. Par surcroit, les documents produits ne doivent en aucun cas accréditer le soupçon de fraude documentaire qui pèse sur les supposées démission du Mrc et adhésion au Manidem les 25 et 27 juin 2025.

Dès lors, les pièces constituant les preuves de la démission du MRC  et l’adhésion au Manidem sont les suivantes :

  • Pour ce qui concerne Maurice Kamto
    • Une lettre de démission accompagnée de la signature légalisée du dirigeant démissionnaire ou à défaut une démission notariée datant du 25 juin 2025
  • Pour ce qui concerne la démission du MRC
    • La ou les résolutions du Directoire National constatant à la majorité des 4/5ela démission ou l’empêchement du Président National (cf article 68 des statuts du MRC) et datée au plus tôt du 25, au plus tard du 27 juin 2025.
  • Pour ce qui est de l’adhésion au Manidem
    • La ou les résolutions du Comité de Direction du Manidem prononçant l’adhésion de Maurice Kamto (Cf article 7 des statuts du Manidem) datant au plus tard du 03 juillet 2025.

Sur le plan procédural, Il faudra démontrer que la procédure d’information du Minat via le Gouverneur a été faite dans les délais légaux conformément aux articles 5 al 2 et 6 de la loi sur les partis politiques. La pièce à fournir, dans le dossier déposé à Elecam, à l’appui de cette allégation étant :

  • le récépissé de dépôt de l’ensemble des éléments sus cités datant au plus tard du 03 juillet 2025.

Si Maurice Kamto a pensé à tout ce qui est énoncé plus haut, il ne me restera plus qu’à m’incliner devant ce stratège en stratégie qui méritera alors d’être l’auteur du 37e  stratagème. Dans le cas contraire l’aventure présidentielle dans un parti Yango court le risque de ne pas passer le cut de la Cour Constitutionnelle, au grand dam de ses affidés qui voient dans chacune de ses pantalonnades une divine stratégie dont les objectifs sont aussi mystérieux que le sexe des anges.

Attention Odza, Toko Ekambi est encore sur le terrain !

Présidentielle camerounaise 2025/81 dossiers : voici comment le tri se fera selon un enseignant d’université

Previous article

You may also like

Comments

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *