La pratique du sondage de l’opinion n’est certes pas encore rentrée dans les habitudes des populations camerounaises. Dans une certaine mesure, on n’y accorde pas souvent assez d’importance et de crédibilité. Mais au regard de la situation qui prévaut dans le paysage politique camerounais, on se devrait de prêter véritablement attention. En tout cas, les instituts Cipre, Sondafrique et ObserVote se sont risqués à un exercice qui a placé le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) en tête du classement en attendant de voir comment la campagne électorale et la propagande de certains candidats dont le taux de popularité peut grimper, se déroulera.
Mais si ces instituts estiment que le taux d’abstention oscillerait entre 9 et 10%, il reste que selon ces structures, si le candidat du Rdpc mène le peloton, cela est dû à l’incapacité des candidats de l’opposition à faire bloc et trouver un candidat consensuel qui pourrait alors se mesurer valablement à Paul Biya. Du fait de cette fragmentation de l’opposition, toujours incapable de proposer une véritable alternative, on donnerait raison au journal panafricain Jeune Afrique qui qualifiait « l’opposition camerounaise de plus bête d’Afrique ».
A l’observation, et si l’on se fie donc aux sondages publiés par ces organismes, Paul Biya rempilerait encore, mais cette fois-ci avec 41 % des intentions de vote, bien qu’on y observerait une sorte de recul par rapport à ses précédentes victoires. Les projections régionales restent, de ce fait, assez révélatrices : 89 % dans la région de l’Est, 65 % au Centre, 60 % dans le Sud et 51 % dans l’Extrême-Nord. Même dans les bastions contestataires du Nord-ouest (45 %), du Sud-Ouest (48 %) et du Littoral (43 %), le président sortant conserve une avance fragile mais décisive, selon ces instituts.
Le même sondage indique que Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), arriverait en deuxième position avec 23 %. Un pourcentage que l’on justifierait par cette proximité affichée par Tchiroma avec le régime, après des années passées à occuper divers postes ministériels. Ce qui a pour effet la réduction de sa crédibilité. Les autres candidats, à savoir : Bello Bouba Maïgari de l’Undp (5,1 %) ; Cabral Libii du Pcrn (3,5 %) ; Joshua Osih du Sdf (3,1 %) ; Tomaïno Hermine Patricia Ndam Njoya de l-Udc (3 %) et Akere Muna (Univers, 1,8 %), ne pouvant servir qu’à « boucher les trous ».
A la réalité, quand bien même des voix continuent de se lever pour appeler à une alternance, il se trouve toujours que le Rdpc reste la formation politique la mieux organisée du pays. Ce qui donnerait aussi raison à un autre militant du Rdpc qui insinuait que « même sur un fauteuil roulant, Paul Biya battrait à plate couture toute l’opposition réunie ». C’est le lieu de reconnaitre et d’apprécier à sa juste valeur le travail de fourmi qu’abattent Samuel Mvondo Ayolo et Oswald Baboke, respectivement Directeur et Directeur adjoint du Cabinet Civil de la présidence de la République. Lequel s’est toujours traduit par une proximité d’avec toutes les couches sociales, avec leur capacité d’écoute et de recherche éventuelle des solutions aux problèmes auxquels sont confrontées les populations au quotidien.
Si un sondage reste un sondage, c’est-à-dire une supputation, il reste que le scrutin du 12 octobre 2025 s’annonce moins qu’une formalité, mais bien plus une confrontation pour laquelle le Rdpc semble avoir les cartes en main, face à une opposition qui a depuis longtemps cessé d’incarner l’espoir.
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