Une chronique de Hilaire Ngoualeu Hamekoue
À deux mois de l’élection présidentielle, le chiffre est là : à peine 8,2 millions de « kamerunais » sont inscrits sur les listes électorales, alors que le pays compte environ 15 millions de citoyens en âge de voter. Une question dérangeante se pose : où sont passés les 7 millions restants ?
Le premier coupable, tout le monde le connaît : la carte nationale d’identité. Sans elle, pas d’enrôlement. Or, des centaines de milliers de « kamerunais » n’en ont pas, ou attendent désespérément leur production. Les lenteurs administratives, parfois teintées de corruption, font de ce document un obstacle insurmontable pour de nombreux jeunes.
Mais au-delà de l’administration, il y a le découragement citoyen. Beaucoup, surtout parmi les jeunes générations, n’y croient plus. « Les jeux sont faits« , « rien ne change« , « le vainqueur est connu à l’avance » : autant de phrases qui traduisent le désamour profond entre les électeurs et le système.
La situation est encore plus préoccupante quand on sait que le débat politique ambiant va, à coup sûr créer une désillusion parmi ceux qui sont inscrits.
À cela s’ajoute une absence criante de pédagogie. Campagnes de sensibilisation timides, manque de relais dans les zones rurales, procédures longues, non digitalisées… tout semble fait pour que le citoyen abandonne l’idée même de s’enrôler.
Alors, que faire ? Il faut rétablir la confiance, simplifier l’accès à la CNI, moderniser l’enrôlement, et surtout, faire preuve de volonté politique pour rendre le vote à nouveau crédible. Car on ne peut bâtir une démocratie forte avec à peine la moitié des citoyens électeurs représentés.
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