Cette marque de fabrique permet de saisir la politique dans une embuscade où les ambitions d’un individu dépassent largement la marche d’un parti politique.
1- Au commencement était la recherche de l’investiture à l’élection présidentielle du 12 octobre 205.
Ayant boycotté les élections législatives et municipales de février 2020 pour des motifs saugrenus, le MRC s’est retrouvé dans l’impossibilité de faire valider une candidature à l’élection présidentielle. Le tripatouillage de l’article 15 alinéa 3 de la constitution sur la nullité du mandat impératifs visait en réalité à dépouiller le SDF de certains militants et à asseoir la dimension communautariste du MRC.
Son candidat à l’élection présidentielle s’en alla trouver une investiture dans le MANIDEM. Avec toutes les conséquences qui devaient suivre.
2- Le MANIDEM, la candidature et la démission du MRC.
Au moment du dépôt des candidatures, le professeur Maurice Kamto se découvrait candidat du MRC. Pour faire corps avec les dispositions de la loi sur les partis politiques en son article 7 qui dispose que nul ne peut appartenir à plus d’un parti politique, la démission du professeur Maurice Kamto du MRC devenait un élément de validation de sa candidature.
« J’espère qu’il va démissionner, en tout cas il doit démissionner », ainsi s’exprimait le 17 juillet 2025 sur les antennes de Radio Balafon Anicet Ekane se présentant comme le porteur de la candidature du professeur Maurice Kamto au sein du MANIDEM.
3- La confirmation de la démission du MRC.
Dans une interview donnée au siège du MRC le 25 juillet 2025, Maurice Kamto afin de acter sa démission et son investiture par le MANIDEM déclarait : « Ce que le MRC fait après moi ne me regarde pas ». La présidence du parti était désormais assurée, certes à titre intérimaire, par Mamadou Mota jusqu’à lors premier vice-président. D’ailleurs en cette qualité, dans une correspondance signée le 27 juillet 2025, Mamadou Mota engageait le MRC à soutenir Maurice Kamto, candidat du MANIDEM.
Évidemment avec l’investiture de Mbombog Dieudonné Yebga par le même MANIDEM, la candidature du professeur Maurice Kamto n’a pas pu prospérer. Elle a été rejetée par le Conseil Constitutionnel. Une chose était tout de même évidente et sans ambiguïté: Maurice Kamto n’était plus militant du MRC. Au surplus, le mot d’ordre » No make erreur » lancé par Anicet Ekane finissait par confirmer que Maurice Kamto relevait du MRC.
4- La tentative de retournement
L’invalidation de sa candidature actée, Maurice Kamto annonçait son départ du MANIDEM. On aura compris que cet encartement au MANIDEM, au mépris de l’article 7 des statuts de ce parti politique était purement stratégique et visait à en faire un candidat à l’élection présidentielle. Ce que son propre MRC ne pouvait lui offrir.
« Je viens par la présente vous signifier ma démission du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), dont vous êtes le Président », pouvait-on lire dans une correspondance en date du 10 septembre 2025.
Maurice tenait par la même à exprimer sa reconnaissance envers le parti politique et son président pour avoir consenti à présenter sa candidature à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Une telle reconnaissance atteste de ce que Maurice Kamto n’était plus militant de quelque parti politique que ce soit.
5- Et le MRC qui se saborde
La tenue du Conseil national du MRC le 6 septembre 2025, a été marquée par une rocambolesque. Ainsi il était question du retour de Maurice Kamto. « Le MRC a appelé Maurice Kamto à revenir parce que nous croyons en son leadership et en sa vision pour le Cameroun. Il représente à lui seul près de 70 % de notre parti, tant par son effort de mobilisation militante que par son aura », avait laissé entendre Mamadou Mota, président par intérim de ce parti.
6- Et l’esbroufe des statuts du MRC.
L’engagement politique est une attitude personnelle. Et par conséquent, rien ne s’oppose au retour de Maurice Kamto au MRC. De la même manière, un parti politique ne peut obliger une personne à rester en son sein, de la manière l’adhésion à un parti politique et les positions de pouvoir en leur sein correspondent aux statuts que les partis se sont librement choisis et donc une copie faisant foi est soumise au ministre de l’administration territoriale.
L’on ne peut donc prétendre occuper un poste au sein du parti politique si l’on ne répond pas à plusieurs critères. Et a fortiori, le poste de président.
Si le professeur Maurice Kamto a besoin du MRC pour continuer à exister politiquement, il convient de penser que la dérive communautariste du MRC peut difficilement se départir de la figure de Maurice Kamto.
Ainsi même au prix de la violation de ses propres statuts, le MRC fera la courte échelle au professeur Maurice Kamto pour en refaire son président. Qu’il suffise de constater que dans le document en circulation depuis ce 22 novembre 2025 avec la liste en candidatures, le président de la commission électorale du MRC est lui-même candidat au poste de secrétaire général. En d’autres termes, il juge et partie. Notons qu’il s’agit d’un avocat de profession et que Maurice Kamto est un éminent professeur de droit.
Quand les juristes jettent le droit par la fenêtre, on comprend que la politique est désarroi. La politique autrement diront-ils. Leçons de changement à tout vent, mais pour le changement il faudra repasser. Le MRC a mieux à faire. Il faut sauver le soldat Maurice Kamto. Entre aller et retour, les militants du MRC crieront toujours à la stratégie de leur leader politique alors que la désillusion est grandissante chaque jour. Les statuts du parti politique, par leur violation, n’ont de sens qu’en permettant de perpétuer d’une léthargie politique.
Alphonse Bernard AMOUGOU MBARGA












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