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Mbam-et-Inoubou: tradition et innovation au Salon départemental de l'artisanat de Bafia

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À Bafia, dans le centre du Cameroun, le Salon départemental de l'artisanat réunit jusqu'au 21 août 2025 les artisans des neuf communes du Mbam-et-Inoubou et met en lumière les perspectives de développement économique issues d'un secteur encore majoritairement informel.

Au cœur de la place des fêtes de Bafia, le Salon départemental de l'artisanat s'est ouvert mercredi 20 août sous le thème « L'artisanat local : tradition, innovation et développement économique ». Cette rencontre, qui se poursuit jusqu'au 21 août, constitue l'un des temps forts de la vie culturelle et économique de la région et coïncide avec la première sortie publique du nouveau préfet, Jean Lazare Ndongo Ndongo, attendu pour l'ouverture officielle.

Une vitrine de la diversité artisanale

Venus des neuf communes du département (Bafia, Bokito, Ndikiniméki, Ombessa, Deuk, Makénéné, Kiiki, Kon-Yambetta et Nitoukou), les artisans présentent des objets du quotidien, des bijoux en perles et cauris, ainsi que des créations vestimentaires réalisées à partir de fibres naturelles et d'obom, une écorce traditionnelle revisitée par la styliste Habiba. Le maître artisan Witaka Mbataka expose des parures qui suscitent l'admiration, tandis que de jeunes plasticiens introduisent des peintures abstraites et figuratives. Par ailleurs, le jeune peintre autodidacte Anicet Abit Abit participe à l'événement, apportant des toiles qui invitent à la contemplation des dynamiques locales.

Un stand particulier est consacré aux déplacés internes de la crise anglophone hébergés dans la région, rappelant la longue tradition d'hospitalité du Mbam.

Un secteur en quête de reconnaissance

L'artisanat occupe une place paradoxale dans l'économie camerounaise : il représente environ 5 % du produit intérieur brut, tout en restant largement informel, avec près de 80 % des artisans non enregistrés. Selon les chiffres du MINPMEESA, on comptait en 2021 un peu plus de 6 100 unités de production artisanale (UPA), un chiffre en baisse par rapport à l'année précédente.

Dans ce secteur, les femmes constituent la majorité : elles représentaient 53,3 % des artisans enregistrés en 2024. À l'échelle locale, la mairie de Bafia recense environ 700 artisans actifs, exerçant des métiers allant de la vannerie à la sculpture sur bois.

Un tremplin vers l'échelon national

Le salon de Bafia revêt un enjeu majeur : quinze artisans seront sélectionnés pour représenter le Mbam-et-Inoubou au Salon national de l'artisanat à Yaoundé. Les sélections se terminent aujourd'hui et les résultats seront proclamés demain. La sélection est confiée à un jury associant des représentants du ministère des Arts et de la Culture, du ministère des Forêts et de la Faune, de la Délégation générale à la Sûreté nationale et du MINPMEESA.

Les auditions, prévues dans ce cadre, se déroulent dans un climat à la fois solennel et empreint d'émotion.

Une dynamique renforcée par les villages artisanaux

L'essor de l'artisanat dans le département s'appuie sur des infrastructures modernes. En mai 2025, un Village artisanal spécial (VAS) a été inauguré à Ndikiniméki. Doté d'un hall modulable de 2 000 m², de 16 boutiques et de deux salles de conférence, il a nécessité un investissement de 336 millions de francs CFA. Il s'agit du treizième village artisanal du Cameroun. Ce cadre vise à permettre aux artisans de valoriser leurs produits, de se former aux techniques modernes de commercialisation et de s'inscrire dans une logique d'industrialisation.

Un enjeu de développement local

Pour Emile Guié Bay, délégué départemental du MINPMEESA, cette édition traduit une réelle implication des communes et de l'État dans l'effectivité du processus de décentralisation.

Les visiteurs saluent la qualité des œuvres et l'organisation de l'événement. Beaucoup perçoivent cette rencontre comme une double opportunité : préserver un patrimoine immatériel menacé et créer des perspectives économiques locales, dans un pays où l'artisanat demeure un vivier d'emplois et un vecteur de cohésion sociale. Par ailleurs, le passage très remarqué de Camille Mouté A Bidias, directeur général du Fonds national de l'emploi (FNE) et patriarche du Mbam, a apporté un éclat particulier à l'événement et démontré l'implication de l'élite dans la cause artisanale et la condition des artisans.

Louis Ébène

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