Les rencontres photographiques de Douala (Repdoul), acte 2 se sont ouvertes lundi 7 avril 2025 par une conférence-débat sur les villes camerounaises en transition. Rencontré à la fin de ces quelques heures de riches échanges, le promoteur de cette plateforme d’expression des artistes visuels, Max Mbakop revient sur ses véritables motivations à mettre sur pieds un tel évènement.  Il dévoile également le programme des activités relatives à cette nouvelle édition. Les détails à lire dans cette interview accordée à La Plume de l’Aigle. 
Max Mbakop, Promoteur des Repdoul. Photo/LPA
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Max Mbakop : « à Douala, dès que tu poses un sujet de réflexion, les photographes fuient…»

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Les rencontres photographiques de Douala (Repdoul), acte 2 se sont ouvertes lundi 7 avril 2025 par une conférence-débat sur les villes camerounaises en transition. Rencontré à la fin de ces quelques heures de riches échanges, le promoteur de cette plateforme d’expression des artistes visuels, Max Mbakop revient sur ses véritables motivations à mettre sur pieds un tel évènement.  Il dévoile également le programme des activités relatives à cette nouvelle édition. Les détails à lire dans cette interview accordée à La Plume de l’Aigle. 

C’est quoi les Rencontres photographiques de Douala et quelles étaient vos motivations à créer une telle plateforme qui, au premier regard, a vocation à mettre en lumière la photographie ?

Les Repdoul en réalité ne sont qu’une suite logique des formations en photographie que j’ai initiées il y a plus de dix ans. La vérité c’est que les artistes, si je peux dire les photographes formés faisaient à la fin de ces sessions des expositions mais, ils n’avaient aucune plateforme d’expression. Et quand je faisais un panoramique en Afrique centrale, il n’y avait aucune autre plateforme d’expression comme des festivals ou bien une rencontre qui mette vraiment en avant l’art photographique et c’est là où j’ai commencé à réfléchir. Au début, c’était genre salon de la photographie mais, je le trouvais un peu très englobant et puis j’ai chuté vers les rencontres photographiques de Douala qui sonnaient vraiment mieux que ce que je pensais. Il était donc question pour moi d’essayer de mettre sur pieds une plateforme qui puisse amener les photographes à réfléchir sur des problématiques africaines et qu’on essaie de les confronter et voir comment arriver à mener des réflexions autour de nos enjeux, des enjeux africains, que ce soit concernant la ville comme on est en train de les traiter pour cette édition et plein d’autres choses. Donc, c’est vraiment une plateforme d’échanges où on essaie de réfléchir sur des problématiques africaines.

Nous sommes à la deuxième édition des Rencontres photographiques de Douala et vous décidez de la consacrer à la ville. Vous choisissez comme thème : « la ville dans le temps ! Ma ville avant, maintenant et après ». Pourquoi ce choix ?

C’était aussi une façon d’ouvrir un tout petit peu le thème et de se tourner vers certaines pistes qui devaient nous permettre d’avoir un champ de réflexions un peu plus large si je peux le dire ainsi. Parce que la preuve, lors de cette conférence qui a été inspirée de ce thème, on se rend compte qu’il y a énormément  (prononciation articulée) de travail à faire. La conférence qui était censée durer deux heures, a pris trois heures de temps et si on n’arrêtait pas ça allait continuer parce qu’il y avait tellement de choses à dire. Et les personnes qui étaient là, c’étaient des pionniers, des personnes qui ont eu à vivre un certain nombre de choses, qui maîtrisent et connaissent bien la ville et pour qui parler est devenu une passion. On n’a pas vu le temps passer, on n’a pas voulu s’arrêter. On dit souvent que « si tu veux aller plus loin, il faut savoir d’où tu viens ». Quand tu sais d’où tu viens, tu essaies de vivre ton contexte et ensuite tu te projettes. Donc l’objectif était en fait d’amener le photographe à avoir de la matière, de se remettre en question car ce n’est pas facile pour des photographes, vous l’avez vu, on pouvait compter leur nombre dans la salle. Or, à Douala il y a tellement de photographes mais, presque personne ne vient et même dans le cadre de nos formations, dès que tu poses un thème de réflexion qui doit pousser le photographe à réfléchir, les gars fuient. Pour moi, c’était une façon d’inviter les photographes à se réveiller, à s’exprimer. Là pendant la conférence, on a parlé justement de faire avec la population. Comment est-ce que la population s’investit elle-même dans son contexte ? De quel modèle de ville est-ce qu’elle rêve ? Donc c’était important de mettre ce thème-là à l’entame de ce processus parce qu’en réalité, on doit traiter des sujets de la ville pendant au moins trois éditions des Repdoul. Et quand je parle de trois éditions, je parle de biennale et une biennale c’est deux ans donc, ça fait au total six années qu’on va consacrer aux problématiques urbaines africaines.

Le Cameroun compte dix régions et de nombreuses villes. Vous décidez plutôt d’orienter vos réflexions sur Douala uniquement. Quelles sont les raisons qui ont motivé le choix de cette métropole ?

Premièrement le festival est logé dans la ville de Douala donc, c’était juste évident qu’on commence par là. Comme on dit souvent, il faut bien commencer quelque part donc, on ne pouvait pas embrasser toutes les villes n’importe comment. Et quand on veut même commencer par Douala, vous-même vous vous êtes rendu compte que c’est un  vaste chantier. Tout à l’heure, la princesse Marilyn Douala Manga Bell me disait beaucoup de courage parce que tu es entré dans un truc qui risque de prendre toute ta vie. Parce que croyez-moi, nos enjeux urbains sont tellement complexes. C’est la raison pour laquelle on souhaiterait justement collaborer avec les pouvoirs publics pour qu’ils puissent justement nous faciliter la tâche afin qu’on commence à mener des réflexions et à les implémenter pour permettre à la population d’avoir un autre regard, un autre ressenti en fait de la ville. C’est vrai que c’est houleux, mais je pense qu’en commençant par la ville de Douala, on pourra voir comment on peut s’étendre dans d’autres villes parce que justement il n’y a pas que Douala, il y a d’autres villes qui ont besoin de ce type de réflexions. Je tiens à préciser que dans le cadre de ces réflexions, on a eu l’occasion d’aller faire un travail dans la ville de Kribi avec l’apport et le soutien de C.A.Diwouta Foundation de l’architecte Danielle Diwouta et on est également en train de voir comment est-ce qu’on peut faire un autre travail sur la ville de Bazou. Bref, on est vraiment ouvert à travailler avec les autres villes, des villes qui acceptent de nous accueillir et nous proposent justement un espace permettant de faire des recherches et d’essayer de travailler. Donc, si on avait la possibilité, les moyens de s’étendre un peu partout dans plusieurs villes, on le ferait parce qu’au départ, il était question de faire une circulation dans au moins cinq villes du Cameroun pour faire des formations, des ateliers et parler en fait du projet. Mais malheureusement on n’a pas pu avoir ces moyens. Je n’ai pu le faire que dans les villes de Douala et de Yaoundé même si je n’ai pas pu m’étendre considérablement dans la capitale politique. C’est pourquoi j’ai préféré commencer d’abord ici à Douala et ensuite voir comment aller ailleurs.

La deuxième édition des Repdoul se tient du 7 au 11 avril 2025. Quelles sont les articulations majeures qui meubleront cette semaine dédiée à la photographie et à quoi le public doit-il s’attendre ?

Je dirais qu’il y a tellement d’activités, tellement de choses à découvrir, des programmations assez intéressantes. On a commencé avec la conférence-débat, ensuite un talk avec Edith Mbella et après ce sera des ateliers et des talks. Comme atelier, on aura par exemple un atelier vraiment international où on aura à faire à quatre photographes internationaux en ligne puisqu’on n’a pas pu les faire venir. Ce serait très important que les gens viennent suivre parce que ces quatre photographes professionnels issus de quatre pays africains vont apporter leur expérience sur comment est-ce qu’ils perçoivent la ville. La clôture aura lieu le vendredi 11 avril 2025 au Douala Grand Mall à partir de 18h. Ce sera un évènement festif où on aura Serge Bob et d’autres artistes. Donc, il y aura de la performance, de la danse, de la musique et du slam. Ce sera vraiment intéressant et tout le monde y est invité.

Interview réalisée par Fadira Etonde

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