Par Charly Kengne
L’intervention militaire américaine au Nigeria dans la nuit du 25 décembre 2025 au moment où la communauté chrétienne du monde, d’Afrique et du Nigeria en particulier célébrait la fête de la « nativité » (la naissance de « Jésus-Christ », le Fils de Dieu qui s’est fait homme pour sauver l’humanité selon leur croyance) a suscité de vives réactions et interrogations quant à ses motivations réelles. Les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont mené des frappes aériennes contre des positions de l’État islamique dans le Nord-ouest du pays affirmant agir en réponse aux massacres de chrétiens et à la demande des autorités nigérianes.
Cependant, la nature de ces opérations militaires, le timing avec lequel elles ont été menées et continueront d’être menées, le choix de la date de l’intervention et enfin le contexte régional dans lequel cette opération a été réalisée soulèvent des questions sur les véritables intentions des États-Unis dans la région.
S’agit-il d’un geste de solidarité internationale visant à protéger les populations chrétiennes du Nigeria, ou plutôt d’un agenda caché visant à renforcer l’influence américaine en Afrique précisément dans cette région ?
i – Une intervention militaire justifiée par des contre-vérités aux allures de « faux semblants »
Donald Trump affirme être intervenu militairement au Nigeria à la demande des autorités du pays pour « protéger la communauté chrétienne victime de violence ».
Si on part du principe que ses actions seraient motivées par un désir ardent d’apporter la paix et la sécurité à la communauté chrétienne victime d’injustice et de violence au Nigeria, alors comment comprendre que Donald Trump veuille « protéger » une communauté chrétienne située à des milliers de kilomètres de ses frontières quand au même moment, les Forces militaires qui disent « combattre » pour défendre la communauté chrétienne du Nigeria sont massées au large des côtes vénézuéliennes beaucoup plus proche de ses frontières et menacent d’intervenir militairement dans ce pays qui est majoritairement composé de « chrétiens » environ 26 millions de « chrétiens » soit 89% de la population.
Ensuite Donald Trump dit intervenir au Nigeria pour « lutter contre le terrorisme » comme quoi les frappes militaires américaines visaient des groupes affiliés à l’État Islamique accusés de mener des attaques meurtrières.
Soit ; alors pourquoi n’avoir pas simplement soutenu les dynamiques endogènes dans ce sens à l’instar de la FMM (Force Multinationale Mixte) qui rassemble cinq (05) pays de la sous-région placé sous le commandement de la CBLT (Commission du Bassin du Lac Tchad) en charge de lutter contre le terrorisme précisément la menace « Boko Haram » dont les résultats sur le terrain ont été jusqu’à là bien plus qu’élogieux malgré quelques manquements côté nigérian au point d’avoir contraint la nébuleuse terroriste à se retrancher au niveau de la forêt de Sambissa (Nigeria).
Comment combattre le « terrorisme » quand on est soit même « parrain » de cette nébuleuse ?
Mouammar Kadhafi en 2009 répondant à la question d’un journaliste sur : « où se cachait Al Qaeda » ?
Il répondait : À Washington !
Près de 20 ans après, les faits lui donnent raison. Boko Haram figure parmi les organisations terroristes subventionnées par l’Agence nationale de développement des États-Unis, a affirmé Scott Perry, représentant de la Pennsylvanie. « Ce mouvement est actif au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad. L’agence aurait dépensé 697 millions de dollars par an, sans compter les envois d’argent liquide, pour financer des organisations terroristes, dont « Daech » et « ISIS Khorasan », ainsi que leurs camps d’entraînement », a souligné l’élu républicain.
Il a fait cette déclaration au cours de l’audition inaugurale du DOGE (département de l’efficacité gouvernementale) qui s’est tenue le 13 février 2025.
ii- que se cache-t-il réellement derrière cette intervention militaire américaine au Nigeria ?
a- contrôle des ressources énergétiques
Le Nigeria est un pays très riche en pétrole et en ressources naturelles. Comme ils l’ont fait et continuent de le faire avec le Venezuela où officiellement ils (américains) disent combattre le « narcotrafic » pourtant la vérité officieuse est toute autre car le Venezuela détient les plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde avec environ 304 milliards de barils prouvées soit environ 18% des réserves mondiales en plus des 1360 milliards de barils de réserves potentielles. Ces réserves sont principalement situées dans la ceinture de l’Orénoque et seraient la principale raison pour laquelle les États-Unis menacent d’intervenir au Venezuela loin de la lutte contre le narcotrafic. À la réalité ceux-ci voudraient détenir un monopole exclusif sur les immenses richesses que possèdent le Venezuela précisément le pétrole afin de maintenir leur influence sur le commerce mondial avec leur « Pétrodollars ».
En transposant cette réalité géopolitique en termes d’enjeux énergétiques pour les États-Unis à cette région de l’Afrique, il ressort que les États-Unis ont effectivement des intérêts stratégiques dans le Golfe de Guinée, précisément en ce qui concerne le contrôle des réserves pétrolifères. D’ailleurs c’est ce qui est mentionné dans le fameux « rapport Kissinger » publié en 1974 qui sera par la suite confirmé par la Doctrine « Wolfworitz » à savoir : faire de l’Afrique et de la région du Golfe de Guinée une « zone stratégique » qui servira de garantie en approvisionnement en ressources énergétiques des États-Unis d’Amérique à l’horizon 2030. Cette région du Golfe de Guinée dont le Nigeria et le Cameroun (Cœur stratégique) est considérée comme une zone clé pour la sécurité énergétique mondiale avec des réserves estimées à 100 milliards de barils prouvées soit environ 10% des réserves mondiales. Elle est la source de toutes les convoitises.
b- influence géopolitique
Le Venezuela compte environ 500 000 citoyens chinois dont 60 000 ressortissants chinois et 400 000 résidents d’origine chinoise, selon les estimations de 2018. Cette montée en puissance de la coopération chinoise (dans les sites d’exploitation pétrolières) et Russe ( avec la signature de plusieurs accords de défense et la livraison des armes stratégiques) au Venezuela bloque les velléités impérialistes américaines contre le Venezuela. Pour avoir compris cette faute stratégique au Venezuela, les États-Unis vu le caractère stratégique de la région du Golfe de Guinée conformément à sa politique étrangère, cherchent à maintenir leur influence face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie dans cette région de l’Afrique car il en va de l’avenir de son économie (Entreprises High Tech, complexes militaro-industriels) et du monopole que bénéficiait ce pays en matière de puissance militaire mondiale sur le reste de la planète.












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