Dans un texte publié ce mardi 8 juillet sur le réseau social X (anciennement Twitter), Sylvia Bongo Ondimba, épouse de l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba, a dénoncé l’enlèvement de deux membres de sa famille à Libreville par des agents des services spéciaux gabonais (DGSS). Elle affirme que son beau-frère, Frédéric Haffray, et son neveu, Mehdi Valentin, ont été enlevés à leur domicile et seraient depuis victimes de tortures.
« Ce matin, j’ai appris avec horreur l’enlèvement de mon beau-frère […] et de mon neveu […] à leur domicile de Libreville », a-t-elle déclaré, avant de questionner : « S’agit-il d’un chantage en réponse à notre prise de parole ? D’une manœuvre pour nous faire taire ? » Cette publication intervient alors que le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, se trouve à Washington pour participer au Sommet USA-Afrique, à l’invitation du président américain Donald Trump.
Sylvia Bongo interpelle directement le chef de l’État américain : « Donald Trump, vous qui avez toujours défendu les otages et dénoncé les dictatures : regardez ce qu’il se passe au Gabon. »
Une famille en croisade contre le régime
Cet incident s’inscrit dans une escalade verbale entre la famille Bongo et les nouvelles autorités gabonaises. Le 3 juillet, dans une déclaration poignante adressée à la presse, Sylvia Bongo et son fils aîné, Noureddin Bongo Valentin, avaient déjà rompu un silence de plus de vingt mois. Ils accusaient le régime militaire issu du coup d’État du 30 août 2023 de « détention arbitraire », de « tortures répétées » et de « confiscation illégale de biens familiaux ».
« Nous remercions de tout cœur la communauté internationale, en particulier l’Union africaine, de nous avoir sauvé la vie », affirmaient-ils, évoquant leur libération après un calvaire de vingt mois, marqué, selon leurs dires, par des humiliations, des violences et une détention prolongée au secret.
Détention, sévices et confiscations
Dans leur témoignage, Sylvia et Noureddin Bongo décrivent une répression implacable. Ils affirment avoir été détenus dans les sous-sols du palais présidentiel, six étages sous les appartements du président Oligui Nguema, dans des conditions inhumaines : isolement prolongé, coups, électrocutions, simulacres de noyade, ainsi que des pressions psychologiques et physiques. Des militaires proches du pouvoir sont directement mis en cause. Le fils de l’ex-président indique également avoir été contraint, sous la menace, de signer des documents cédant les biens de la famille, aujourd’hui, selon lui, « partagés entre les proches du pouvoir ».
Ils dénoncent par ailleurs la préparation d’un « faux procès » organisé par contumace, destiné à justifier a posteriori leur détention et la saisie de leurs avoirs.
Une affaire à portée internationale
Cette montée des tensions se produit alors que le président Oligui Nguema cherche à renforcer ses liens diplomatiques, notamment avec les États-Unis. L’appel de Sylvia Bongo à Donald Trump, mais aussi à l’Union africaine, aux Nations unies, à la diplomatie française et à l’Élysée, vise à internationaliser le débat sur les droits humains au Gabon.
« Le sort qui a été réservé à notre famille est d’une cruauté criminelle », conclut la déclaration. « Nous nous battrons jusqu’au bout pour que la vérité soit connue et que justice soit faite. »
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