Avec plus de 200 morts entre 2014 et 2022 dans les mines de la région de l’Est Cameroun, les zones d’exploitation minière de plus en plus vastes créent un problème de sécurité alimentaire chez les populations environnantes.
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Exploitation aurifère et désastre humain: Foder recense 205 morts dans les mines à l’Est Cameroun

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Avec plus de 200 morts entre 2014 et 2022 dans les mines de la région de l’Est Cameroun, les zones d’exploitation minière de plus en plus vastes créent un problème de sécurité alimentaire chez les populations environnantes.

La région de l’Est est sollicitée et convoitée par les puissances étrangères notamment la Chine pour ses richesses minières. La mal gouvernance de l’exploitation minière dans les arrondissements de Batouri, Ketté et Kentzou est devenue un véritable « désastre humain et écologique », selon un rapport issu de deux études réalisées en avril 2025 par l’organisation écologiste Forêts et Développement Rural (Foder). De l’étude appelée « Analyse des dangers liés à l’exploitation aurifère anarchique dans les arrondissements de Batouri, Ketté et Kentzou », Foder indique que 205 décès ont été recensés entre 2014 et 2022 sur les sites miniers artisanaux. L’organisation dénonce « une exposition massive au mercure chez les artisans miniers, avec des concentrations dépassant les normes de l’OMS dans 71 % des cas analysés ; des conditions de vie précaires, marquées par l’insécurité, l’insalubrité et le manque d’accès aux services de base ; des cas de noyade dans les trous miniers abandonnés ont également été rapportés, notamment parmi les enfants ».

Destruction du couvert végétal

« Cartographie des sites miniers et impacts de l’exploitation minière sur le couvert végétal et la conversion des terres agricoles ». De cette autre étude, Foder dénonce une expansion alarmante de l’exploitation aurifère. « La superficie exploitée est passée de 82 hectares en 2010 à plus de 4 639 hectares en 2024, soit une hausse de plus de 5 490 %. Cette croissance incontrôlée a entraîné la destruction de 2 614 hectares de couvert végétal et la conversion de plus de 2 000 hectares de terres agricoles en zones d’exploitation minière, menaçant directement la biodiversité, les moyens de subsistance des communautés locales et la sécurité alimentaire. L’arrondissement de Batouri est le plus touché, avec une superficie exploitée passant de 79 hectares en 2010 à 3 247 hectares en 2024. Les projections indiquent que si l’activité continue à ce rythme, 2 % de la superficie de Batouri pourraient être détruits d’ici 20 ans. L’arrondissement de Kétté a également connu une forte expansion, passant de 4 hectares en 2010 à 1 327 hectares en 2024 », précise le document.

Foder a initié ces études dans le cadre de la mise en œuvre du programme transfrontalier de promotion des solutions durables aux situations de déplacement au Cameroun et en République centrafricaine (Solid). Face à cette catastrophe humaine et écologique, Foder tire la sonnette d’alarme et appelle les pouvoirs publics et la société civile à renforcer la réglementation et les contrôles sur les activités minières, à mettre en place des mécanismes de surveillance communautaire, à sensibiliser et à former les artisans miniers aux bonnes pratiques environnementales et sanitaires, à garantir la réhabilitation systématique des sites miniers.

 

Fortune Toukam

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