Convoqués en urgence cette semaine à Yaoundé par le ministère de l’Habitat et du développement urbain (MINDHU), les États généraux sur la gestion des ressources en déchets ont été organisés en réponse à une crise devenue critique : celle de nos villes, désormais assimilables à des décharges à ciel ouvert. L’absence de bacs, l’insuffisance de la logistique, la prolifération des dépôts anarchiques à chaque coin de rue et la faiblesse de la gouvernance locale ont fait de la gestion des déchets un enjeu de santé publique, mais aussi de dignité urbaine.
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États généraux sur la gestion des déchets : une nouvelle ère pour la gouvernance locale et la justice environnementale au Cameroun ?

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Convoqués en urgence cette semaine à Yaoundé par le ministère de l’Habitat et du développement urbain (MINDHU), les États généraux sur la gestion des ressources en déchets ont été organisés en réponse à une crise devenue critique : celle de nos villes, désormais assimilables à des décharges à ciel ouvert. L’absence de bacs, l’insuffisance de la logistique, la prolifération des dépôts anarchiques à chaque coin de rue et la faiblesse de la gouvernance locale ont fait de la gestion des déchets un enjeu de santé publique, mais aussi de dignité urbaine.

Ces assises marquent un tournant. Plus qu’un simple état des lieux, elles ont abouti à une cinquantaine de résolutions concrètes, symbole d’une volonté affirmée de refonte structurelle. Le mot d’ordre : décentralisation et responsabilisation. L’État entend désormais autonomiser les Communes et Communautés urbaines dans des rôles stratégiques : la précollecte, la contractualisation des prestataires, l’investissement dans les infrastructures et la sensibilisation des populations.

Pour les acteurs de terrain, la reconnaissance du rôle des associations dans la structuration de la filière et la précollecte est une avancée majeure. L’intégration de ces acteurs dans des cadres conventionnels clairs ouvre la voie à des collaborations plus cohérentes, mieux financées, et surtout durables.

Autre signal fort : la priorité accordée à l’économie circulaire. Le tri à la source, le recyclage, la valorisation des biodéchets et l’ouverture de filières de formation représentent autant de leviers pour stimuler l’emploi vert, notamment chez les jeunes. Mais au-delà de la croissance verte, c’est une justice environnementale qui se dessine : garantir l’accès équitable aux services de base, accompagner les quartiers vulnérables, réduire les inégalités territoriales et faire entendre toutes les voix dans la transition.

Les défis restent toutefois considérables. L’état des infrastructures, l’enclavement de nombreux quartiers, le manque d’équipements et l’absence de centres de traitement opérationnels dans plusieurs villes posent la question de la mise en œuvre réelle de ces engagements. Sans financement pérenne, volonté politique constante et suivi rigoureux, ces résolutions risquent de demeurer lettre morte.

Ces États généraux ont été un moment de vérité, et il appartient désormais à chaque acteur : institutions, collectivités, entreprises, associations, citoyens… de faire sa part, car les déchets ne sont pas seulement un problème à éliminer, mais une ressource à transformer pour construire un avenir plus propre, plus équitable et plus résilient face aux urgences climatiques.

Anne Stéphanie NDONKO

Consultante RSE et Développement Durable

Présidente de l’Association A2D (Action pour le Développement Durable)

E-mail : anne.stephanie.ndonko@action2d.org

Téléphone : +237 652 141 363

 

Anne Stéphanie Ndonko

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