Appelant à la solidarité internationale et réagissant à la suite de cet acte qui va à l’encontre des libertés individuelles, l’organisation syndicale des journalistes camerounais exige la libération immédiate et sans condition de ces deux journalistes et dirigeants syndicaux respectés. Elle appelle les responsables gouvernementaux du « Pays des Hommes Intègres » à considérer la presse comme n’étant pas le problème, mais faisant partie de la solution.
Depuis le 24 mars 2025, le paysage médiatique du Burkina Faso est secoué par l’arrestation de deux journalistes et conduits vers une destination inconnue, après avoir dénoncé des atteintes à la liberté d’expression. Face à cette situation, le Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), informé de « l’enlèvement et de la détention arbitraire par des individus en civil se présentant comme des agents des services de renseignement », n’est pas resté silencieux. Faut-il le rappeler, les deux journalistes, à savoir : Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba sont respectivement président et vice-président de l’Association des Journalistes du Burkina Faso (AJB).
Aux dires des responsables gouvernementaux, il leurs est reproché d’avoir organisé le 23 mars 2025, le congrès de l’AJB, une association considérée comme ayant été dissoute conformément à la Loi n° 064- 2015/CNT et le communiqué 2019-001 MATD/SG/DGLPAP/DOASOC du 14 janvier 2019. Comme si ça ne suffisait pas, c’était au tour du journaliste Luc Pagbelem de la télévision BF1 de subir le même sort pour avoir osé couvert ce congrès et surtout d’avoir rapporté les propos de son président sur les antennes.
En fait de motif de cette arrestation, Sanogo avait dénoncé publiquement la multiplication des « atteintes à la liberté d’expression et de presse », qui « ont atteint un niveau jamais égalé » dans le pays. M. Sanogo, également journaliste à la Radio-télédiffusion du Burkina (RTB), a qualifié la chaîne nationale d’« outil de propagande ».
SNJC comme la FIJ et la FAJ
Au regard de ce qu’il y a lieu de considérer à juste titre comme dérives autoritaristes, le SNJC ne pouvait rester silencieux. Aussi a-t-il joint sa voix à celles de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et la Fédération Africaine des journalistes (FAJ), pour « condamner avec force cette violation flagrante des droits fondamentaux des journalistes et de la liberté de la presse, mais aussi de la violation grave de la convention 87 sur la liberté syndicale ».
Les inquiétudes exprimées par le SNJC sont d’autant plus avérées que les deux journalistes n’ont pas été présentés devant un tribunal et que leur lieu de détention est toujours inconnu. On sait ce que ça signifie.
Avant de se retrouver dans cette mélasse, des informations concordantes et notamment de l’AJB, font état de ce que leurs camarades auraient été envoyés au front de guerre comme combattants « afin de voir la réalité ».
Si sur le front opposé, on se réjouit de ces arrestations, pour Reporter Sans Frontière (RSF), l’arrestation de Guézouma Sanogo et Boukari Ouoba « s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à systématiquement faire taire toute voix critique dans le pays ». Un avis qu’ont partagé Amnesty international et Human Rights Watch (HRW).
De son côté et dans la même veine, le SNJC a sans hésiter, apporté son soutien aux camarades de l’AJB non sans appeler à la solidarité internationale pour exiger la libération immédiate et sans condition de ces dirigeants syndicaux et journalistes respectés. « La presse n’est pas le problème, elle fait partie de la solution », a tenu à faire savoir Marion Obam, la présidente du SNJC dans un communiqué signé et rendu public le 29 mars 2025 à Douala. Il revient donc au capitaine Ibrahim Traoré, qui revendique une politique souverainiste, de ne pas tomber dans ces travers qui ne l’honoreront pas.
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