De la traite négrière à la colonisation en passant par le néocolonialisme, les images sont insoutenables. La relation entre le continent mère de l’humanité et le vieux continent est entachée de duperie et de sang depuis des décennies. Dans le film documentaire « Réparations : la dette coloniale », le réalisateur sénégalais Ibrahima Sow revient sur les faits majeurs de la barbarie des pays européens (France, Belgique, Allemagne,…) en Afrique francophone et le partage du continent par ces esclavagistes. Ce film documentaire d’une trentaine de minutes, revient sur l’arrivée des colons en Afrique, la déportation, la libération de la France par les Africains partant de Douala, l’exploitation des ressources minières africaines, la lutte des nationalistes pour les indépendances et leur décapitation, l’avènement du franc CFA et la révolte des pays de l’Alliance du Sahel, etc.
Plus de 35 millions de personnes ont été transportées de force en Amérique ; environ 350 millions sont mortes pendant la traite. Ce film projeté en avant-première dans la capitale économique camerounaise par la chaîne de télévision panafricaine Afrique Média est le condensé des crimes occidentaux en Afrique depuis la traite négrière jusqu’à ce jour. Sa projection s’est déroulée en présence de quelques héritiers nationalistes et panafricanistes en lutte permanente pour une Afrique souveraine et libre.
L’Afrique doit raconter son histoire
« Il faut déjà commencer par féliciter Ibrahima Sow. Nous espérons que de tels documentaires vont se multiplier. Pour quelle raison doivent-ils se multiplier ? Parce qu’il faut que l’Afrique commence à raconter son histoire. C’est lorsque l’Afrique articule elle-même son histoire qu’elle peut logiquement aboutir à une demande de réparations. Si ce n’est pas l’Afrique qui articule son histoire comme cela a été fait dans le cadre d’une commission bizarre qui a été créée entre la France et le Cameroun, on n’arrivera jamais à la question des réparations. Or l’articulation interne de l’Afrique qui exprime son vécu, sa mémoire de ces évènements-là, lui permet de réclamer des réparations parce que notre culture a été détruite, nos constructions ont été détruites, nos forces productives ont été bloquées, nous avons nos compatriotes, nos frères et sœurs les mieux formés, qui ont été transportés hors d’Afrique et qui ont permis l’essentiel des grandes découvertes qui ont eu lieu au 17e, 18e et 19e siège par exemple en Amérique du Nord et qui ont permis donc son industrialisation », a réagi Yamb Timba, candidat recalé de l’Union des populations du Cameroun (Upc) à l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Pour le nationaliste camerounais, ce documentaire révèle la profondeur de la détresse, de la souffrance, de l’humiliation et du traumatisme que l’Afrique a subi et continue de subir.
Dans la même mouvance, Hilaire Ngoualeu Hamekoue, journaliste et militant de l’Upc, pense qu’il faut une véritable justice. « Ce peuple qui a été pillé, a aidé le pilleur pendant plusieurs occasions de domination des autres notamment les nazis qui les ont dominés. Ils étaient obligés de faire appel à nous pour les libérer et tout ce qu’ils avaient promis en contrepartie, ils ne l’ont pas donné. La justice ne peut être possible par nous-mêmes, que par notre propre détermination par rapport à cela et je le dis, ça a commencé d’abord par la spiritualité et l’éducation. L’école selon Charlemagne, est venue tuer l’école qui existait. En 1940, c’est l’église Catholique qui recrutait les jeunes qui partaient au front pour libérer la France occupée », se souvient l’Upeciste non sans dénoncer les loges qui ont pris l’Afrique en otage.
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