Alors que les étals camerounais débordent de produits venus d’ailleurs, la consommation locale peine à s’imposer dans les habitudes des citoyens. Entre ambitions économiques et blocages culturels, le Made in Cameroon cherche encore sa place dans le quotidien des ménages. Point sur les freins, les initiatives et les pistes pour redynamiser ce secteur stratégique.
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Consommation locale : le « Made in Cameroon » cherche sa voie au Cameroun

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Alors que les étals camerounais débordent de produits venus d’ailleurs, la consommation locale peine à s’imposer dans les habitudes des citoyens. Entre ambitions économiques et blocages culturels, le Made in Cameroon cherche encore sa place dans le quotidien des ménages. Point sur les freins, les initiatives et les pistes pour redynamiser ce secteur stratégique.

Depuis plusieurs années, la question de la consommation des produits locaux occupe une place importante dans le débat public camerounais. Dans un contexte marqué par la mondialisation et la libéralisation des échanges, les habitudes de consommation des populations ont évolué, offrant une large place aux produits importés.

Des denrées comme le riz asiatique, les huiles végétales étrangères, les biscuits, les vêtements et les appareils électroménagers venus de divers horizons remplissent aujourd’hui les étals des marchés et les rayons des supermarchés du pays. Face à cette situation, de nombreux produits locaux pourtant riches et adaptés à l’environnement et aux besoins des consommateurs camerounais peinent à se faire une place.

Plusieurs facteurs expliquent cette préférence pour l’importé : la perception d’une meilleure qualité, des prix parfois plus compétitifs, des circuits de distribution bien structurés et un marketing plus agressif. Parallèlement, les produits locaux souffrent souvent d’un manque de visibilité, de modernisation et de préjugés tenaces sur leur qualité et leur présentation.

Cette situation n’est pas sans conséquence pour l’économie nationale. Une consommation locale réduite limite les débouchés pour les producteurs, les artisans, les industries et les coopératives locales. Or, le développement économique durable du Cameroun passe aussi par la valorisation de ses ressources et de ses savoir-faire.

Des initiatives encore insuffisantes

Depuis plusieurs années, des initiatives publiques et privées tentent pourtant de redynamiser le secteur et de promouvoir le Made in Cameroon. Parmi elles, on peut citer le Salon International de l’Entreprise, de la PME et du Partenariat de Yaoundé (PROMOTE), qui offre une vitrine aux produits locaux et aux entreprises nationales. De même, des enseignes comme Made in Cameroon Store ou des événements comme la Journée nationale du Consommateur Camerounais cherchent à sensibiliser et à valoriser les produits locaux.

Par ailleurs, le Comice Agro-Pastoral, organisé pour la dernière fois en 2011, avait pour ambition de promouvoir le potentiel agricole et artisanal du pays et d’encourager la consommation des produits locaux. Cependant, malgré cet événement d’envergure nationale, les retombées sur la consommation locale restent limitées et cet événement n’a pas été reconduit depuis plus d’une décennie, ce qui témoigne des difficultés à instaurer une dynamique durable.

Quelles solutions pour relancer la consommation locale ?

Face à ce constat, plusieurs pistes de solutions méritent d’être envisagées :

Moderniser la présentation et l’emballage des produits locaux pour les rendre plus compétitifs face aux produits importés.

Renforcer les campagnes de communication et de sensibilisation, en mettant en avant la qualité et les bienfaits des produits locaux, à travers les médias, les réseaux sociaux et les événements culturels.

Revaloriser et institutionnaliser des foires-expositions régionales et nationales, à l’image du Comice Agro-Pastoral, en assurant leur régularité et en soutenant la participation des petits producteurs.

Créer des incitations fiscales et subventions pour les entreprises locales afin de soutenir la production et la distribution de produits nationaux.

Mettre en place des labels de qualité et des normes pour rassurer les consommateurs sur la fiabilité des produits locaux.

En conclusion, la consommation locale est un levier stratégique pour le développement économique et culturel du Cameroun. Elle nécessite toutefois un engagement coordonné de l’État, du secteur privé et de la société civile, afin de transformer les mentalités et de valoriser durablement le potentiel du Made in Cameroon.

Caliste Talla(CP)

 

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