Une chronique de Hilaire Ngoualeu Hamekoue
À chaque échéance électorale au Kamerun, le débat revient : doit-on ou pas participer à une élection qu’on estime biaisée ? Deux tendances se dessinent au sein de l’opposition.
Ceux qui pensent qu’un préalable est nécessaire avant toute participation.
Pour ce camp, participer revient à valider un système injuste. Ils pointent :
Une loi électorale déséquilibrée;
Un organe d’organisation (ELECAM) jugé proche du pouvoir ;
Un conseil constitutionnel perçu comme partisan ;
L’impossibilité de vérifier ou contester réellement les résultats
Leur mot d’ordre : refuser de servir de figurant dans un jeu déjà écrit d’avance.
Ceux qui veulent participer malgré tout
D’autres pensent que ne pas participer affaiblit l’opposition : Même un système imparfait permet de mobiliser, informer et exister politiquement. Ne pas se présenter, c’est laisser le terrain vide au pouvoir.
Des victoires locales ou symboliques peuvent renforcer une dynamique citoyenne. Ils défendent une stratégie de résistance à l’intérieur du système.
Quelle conciliation ?
La question n’est pas de choisir un camp, mais de trouver une stratégie lucide pouvant déboulonner un système enraciné depuis sept décennies. Participer à une élection ne signifie pas nécessairement se présenter candidat. Aller ou ne pas aller ne devait pas empêcher de revendiquer une réforme du système. Et si les conditions sont jugées inacceptables, la construction d’une alternative doit être organisée, expliquée, assumée, pour qu’il soit un vrai acte politique.
Ce débat n’est pas inutile, il est sain.
Ce qui compte, c’est de ne pas rester passif, ni dans l’indignation, ni dans la résignation.
Unir les forces, quelles que soient les options choisies, autour d’un objectif commun : construire un vaste et puissant mouvement populaire pour changer les règles du jeu.
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