Une chronique de Hilaire Ngoualeu Hamekoue
Ils étaient jadis les garants de la tradition, écoutés avec respect, parfois craints. Aujourd’hui, les chefs traditionnels au Kamerun se retrouvent aux marges du respect et au cœur des querelles partisanes.
Sous prétexte d’intégration dans l’État moderne, ils ont été réduits au rang d’auxiliaires d’administration, soumis à l’autorité préfectorale. Investis à vie par la coutume, mais révocables par décret, leur autorité vacille, entre sacré et administratif.
Le pire survient lorsqu’ils s’engagent en politique. Le chef qui soutient ouvertement un candidat ou en devient un, cesse d’être l’arbitre neutre de sa communauté. Il devient adversaire. Contesté. Exposé. Il affronte ses propres sujets, parfois ses propres enfants, et se fait huer là où il régnait.
Dans ce brouillage des rôles, la parole du chef ne porte plus. Elle se soupçonne d’arrière-pensées politiques. Et ce qui était une sagesse devient une consigne électorale.
Lorsqu’un chef descend dans la poussière du combat politique, il remonte rarement avec sa couronne intacte.
Le pays de Jean-Rameau Sokoudjou ne peut pas se permettre d’avoir des chefs partisans et des politiciens sacrés. L’heure est venue de restaurer la dignité des gardiens de nos traditions, ou d’assumer leur effacement dans le tumulte des urnes.
Comments