L’élection présidentielle en cours  au Kamerun étonne moins par le nombre de candidatures déclarées et retenues par le conseil électoral, que par l’agitation prématurée autour de la recevabilité de l’une d’elles.
Enow Abrams Egbe, Président du Conseil électoral d'Elecam
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Cameroun : quand le tribunal de la rue précède les institutions

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Une chronique de Hilaire Ngoualeu Hamekoue

L’élection présidentielle en cours  au Kamerun étonne moins par le nombre de candidatures déclarées et retenues par le conseil électoral, que par l’agitation prématurée autour de la recevabilité de l’une d’elles.

Bien avant que le corps électoral ne soit convoqué, l’espace public s’était déjà transformé en tribunal improvisé : réseaux sociaux, plateaux télé et même membres de partis politiques s’étaient érigés  juges de la Constitution et interprètes de la loi électorale.

Une question s’impose : comment est-on arrivé à une situation où des citoyens, parfois bien informés, parfois non, se permettent de déclarer qu’un candidat est « non recevable » avant même qu’ELECAM ou le Conseil constitutionnel ne se prononce ? Qu’en est-il du rôle des institutions ? Leur autorité serait-elle déjà confisquée par le bruit médiatique et les guerres d’opinion ?

Cette confusion révèle une chose : la faiblesse de notre culture institutionnelle. Dans un État de droit, on débat des textes, pas des individus. Et quand des institutions existent, on attend leurs décisions. Mais au pays de OSENDE AFANA, la méfiance est telle que l’on préfère s’en remettre aux rumeurs, aux interprétations partisanes, ou à la vindicte populaire.

Ce phénomène n’est pas anodin. Il est le symptôme d’un dysfonctionnement plus profond : institutions discréditées, lois mal connues, précédents mal gérés, et une politisation excessive des débats juridiques. Cela ouvre la voie à la manipulation, à la division, et au rejet systématique de l’autre. Or, la recevabilité d’une candidature est une affaire de droit, pas d’émotion, encore moins d’allégeance politique.

Tant que nous jugerons à la place des institutions, tant que le soupçon remplacera la procédure, la démocratie kamerunaise restera fragile. Il est temps de rappeler que dans une République, c’est le droit qui tranche, pas les clameurs.

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