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Cameroun : « nous commémorons ce 3 mai 2025 dans un contexte particulier marqué par l’aggravation de la violation des acquis démocratiques »

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Les membres du Syndicat National des Journalistes (SNJC) ont manifesté sur l’ensemble du triangle national à l’occasion de la 32ème édition de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Le Bureau exécutif national du SNJC a délivré le message ci-dessous.

Message du Bureau Exécutif National du Syndicat National des Journalistes du Cameroun.

Camarades militantes et militants, travailleuses et travailleurs des médias *des secteurs* public, parapublic, privé et informel, camarades élèves et étudiants en communication

En ce jour 3 mai 2025, à l’instar de la famille de la presse du monde entier, nous vous félicitons pour votre engagement dans la lutte héroïque pour notre *mieux-être* au service du plus *beau* métier du monde.

Cette journée nous est utile pour faire le portrait de la liberté de la presse au Cameroun, se souvenir des journalistes censurés, emprisonnés ou assassinés, sensibiliser sur l’importance de la presse, outil nécessaire à la démocratie et la justice.

Depuis le 3 mai dernier, nous avons perdu des camarades responsables et militants, parmi eux, nous mentionnons spécialement Lambert NGOUANFO et Serges BONNY. Nous saluons leur mémoire ainsi que celle des membres disparus de nos familles.

Nous commémorons ce 3 mai 2025 dans un contexte particulier marqué par l’aggravation de la violation des acquis démocratiques.

La crise dans les médias, surtout la presse écrite a réduit au chômage des centaines de travailleurs et interrompu diverses activités économiques.

De toute évidence, cette situation révèle de façon patente les limites d’un système caractérisé par le rejet de la presse malgré un pluralisme de façade. Malgré les ressources dont dispose notre pays, la presse attend toujours la subvention. Même l’insulte nommée Aide publique à la presse privée a maigri comme peau de chagrin, ceci pour rappeler *que* notre système sur ce plan n’a pas besoin d’une presse de qualité, libre et independante .

L’apparition des Réseaux Sociaux a accentué les difficultés de notre peuple à accéder à une information de qualité. Ainsi, il est obligé de s’abreuver des fake news sur la toile. la déliquescence dans laquelle se trouve la presse du fait du manque de soutien gouvernemental, la non application de la Convention Collective , et l’absence de l’auto-regulation sont mises à nu. Elles étalent également aux yeux des plus sceptiques, l’incurie de certaines autorités. nous en voulons pour preuve la parade de mai 2024 qui n’a pu avoir lieu à Douala, siège de notre syndicat , à cause d’une obstruction policière. Ceci indique clairement que notre pouvoir n’a pas fini de gérer ses contradictions internes pour avoir une presse au service du peuple.
L’aggravation de la violation de la liberté de la presse est patente , ce qui met notre pays au 130ème rang sur 180 dans le ranking de Reporters Sans Frontière en 2024.

C’est un véritable desastre. En effet, des libertés démocratiques, au pouvoir d’achat, en passant par la gouvernance, la presse camerounaise dans son histoire vit le summum de la catastrophe dans un système dit démocratique. Notre pays n’a jamais eu un classement à deux chiffres et ocille en dents de scie entre 118e et 138e.

Les libertés démocratiques pour lesquelles des devanciers ont coulé sueur et sang, voire perdre des vies sont foulées au pied :

Brutalité sur les journalistes lors des rassemblements politiques ;
Violation des conventions internationales ratifiées *telle* que la convention 87 sur la liberté syndicale ;
Code pénal criminalisant les libertés d’expression et de presse ;
Intimidations et exactions à l’encontre des journalistes ; ingérence dans les lignes éditoriales ; surveillance et filature des journalistes ; clochardisation des journalistes.
Deni de justice sur des cas d’assassinat de journalistes ;
Refus par certains employeurs de presse de mettre en œuvre des décisions gouvernementales, notamment les élections sociales pour la désignation des délégués du personnel ;
suspension et coupure de salaire de travailleurs sans raison ;
Des lois esclavagistes qui permettent l’exploitation vile des travailleurs (cas de la 92/007 du 14 août 1992 portant code du travail ).

Camarades travailleurs (euses),, Le pouvoir d’achat des travailleurs des médias est désaxé et laminé.

Des lendemains pourraient être davantage douloureux si rien n’est fait pour trouver une solution definitive à ces manquements.

La presse vit du jour au jour ces scandales qui viennent s’ajouter aux dossiers de crimes sur les journalistes qui restent encore impunis.

C’est face à cette situation dramatique et conformément au sens élevé de dignité, d’intégrité et d’honneur de nos devanciers d’une part, et d’autre part le rôle historique que le mouvement syndical a toujours joué dans notre pays à tous ses tournants décisifs de son histoire, que nous avons pris nos responsabilités en réunissant à Yaounde le 10 mars 2025 les acteurs de la presse pour réfléchir sur la création d’un organe des pairs.

Nous luttons avec acharnement pour obtenir :
– L’arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie ;

–L’ Arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales ;

– Garantie du droit à la sécurité des journalistes ;

– Et le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis à vis des syndicats des travailleurs de médias notamment, l’application de la convention collective et la désignation des délégués du personnel dans toutes les entreprises de presse.

Camarades
Convaincu que seule la lutte organisée paie. C’est ici le lieu de vous adresser toutes nos félicitations pour votre constance dans la mobilisation et les nombreux sacrifices que vous avez consentis, malgré la répression qui s’abat sur vous.

Face aux malheurs qui de temps en temps nous visite, vous avez manifesté une solidarité légendaire en répondant positivement à la souscription lancée par le BEN en vue de soutenir les familles des camarades décédés.

La volonté d’user de la précarité des journalistes pour contrôler la presse et faire mal à la démocratie est manifeste.

Camarades, notre lutte est juste et légitime. Nous n’avons pas à l’atténuer pour quoi que ce soit moins à demander la clémence de qui que ce soit. Bien au contraire, nous devons travailler à comprendre que nos difficultés sont les mêmes que celles de notre peuple.
Nous devons non seulement renforcer notre organisation, mais aussi élargir le front de lutte en y associant , les jeunes encore en formation qui sont appelés à prendre le flambeau de notre lutte syndicale.

Les grandes et nobles victoires découlent de grands sacrifices dans l’action!

Que la solidarité de tous soit la garantie de la sécurité de chacun !

Vive le 3 mai!
Vive la solidarité syndicale !
Vive le SNJC au service de la défense des libertés démocratiques et le bien être des travailleurs des medias !

Joseph Dion Ngute : « avant on faisait Mora-Maroua en 2 heures. Aujourd’hui, on le fait en 30, 40 minutes »

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