Le chef de l’État a articulé sa pensée autour de trois interrogations clés : « Nous sommes en droit, aujourd’hui, de nous poser des questions :
Notre démocratie signifie-t-elle le rejet de la légalité ?
Notre démocratie doit-elle mettre en cause tous nos acquis et toutes nos institutions ? Notre démocratie doit-elle construire ou détruire l’État et la Nation ? »
Ces questions ne sont pas anodines ; elles touchent au cœur du pacte républicain et aux tensions inhérentes à toute démocratie vivante. La première interrogation, sur la relation entre démocratie et légalité, soulève la question de savoir si l’exercice des libertés démocratiques doit toujours s’inscrire dans le cadre des lois existantes ou s’il doit toujours les défier. C’est un débat classique sur la légitimité des mouvements sociaux et la primauté du droit.
La deuxième question, concernant la remise en cause des acquis et des institutions, aborde le dilemme entre la nécessité d’une évolution démocratique et la préservation de ce qui a été construit. Elle invite à réfléchir sur la manière dont le changement est opéré : doit-il être radical et potentiellement destructeur, ou progressif et respectueux des fondations existantes ?
Enfin, la troisième interrogation, autour de la construction ou de la destruction de l’État et de la Nation, pose la question ultime de la finalité de la démocratie. Est-elle un moyen de renforcer l’unité nationale et de bâtir un avenir commun, ou risque-t-elle, par ses excès ou ses interprétations, de fragiliser les structures étatiques et de diviser la société ?
En posant ces questions, le président Biya semble vouloir initier un dialogue national sur la manière d’appréhender la démocratie camerounaise. Il ne fournit pas de réponses directes, mais ouvre la voie à une discussion collective sur les responsabilités de chacun – citoyens, institutions, leaders – dans la construction d’une démocratie qui soit à la fois respectueuse des libertés, garante de la légalité et facteur d’unité et de progrès pour le Cameroun. Cette démarche souligne l’importance pour le chef de l’État de clarifier les attentes et les limites de l’action démocratique dans le contexte actuel.
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