La visite officielle de Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale française, au Cameroun pour une mission de travail de deux jours, suscite une vive réaction dans le paysage politique camerounais. Le mouvement d’opposition Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (PURS) s’oppose à ce séjour qu’il considère comme une nouvelle manifestation de l’emprise sécuritaire étrangère.
Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale française
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Annoncé au Cameroun, le chef de la Gendarmerie française déclaré persona non grata par Serge Espoir Matomba

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La visite officielle de Hubert Bonneau, directeur général de la Gendarmerie nationale française, au Cameroun pour une mission de travail de deux jours, suscite une vive réaction dans le paysage politique camerounais. Le mouvement d’opposition Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (PURS) s’oppose à ce séjour qu’il considère comme une nouvelle manifestation de l’emprise sécuritaire étrangère.

Dans un communiqué au ton ferme, Serge Espoir Matomba, premier secrétaire du PURS et candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, dénonce une coopération qu’il jugeait dépassée : « Alors que notre nation se prépare à une échéance électorale cruciale, nous considérons que de telles visites et collaborations, qui s’inscrivent dans une logique dépassée de dépendance sécuritaire, ne sont plus acceptables. »

Le PURS critique une relation militaire héritée de l’époque coloniale, prolongée sans remise en question. Il rappelle que les accords de défense entre le Cameroun et la France n’ont pas été renouvelés depuis le mandat du président François Hollande (2012–2017). Pour le mouvement, cette absence de renouvellement représente une opportunité historique de réaffirmer la souveraineté nationale.

Dans un contexte régional plus large, le PURS souligne que plusieurs pays africains ont déjà rompu leurs accords militaires avec la France, notamment les États membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) (le Mali, le Burkina Faso, le Niger) ainsi que le Tchad et le Sénégal.

« L’Afrique s’engage désormais vers une souveraineté véritable », affirme le communiqué, appelant les autorités camerounaises à ne pas rester en marge de ce tournant historique.

« Depuis plus de soixante ans, ces interactions ont perduré sans véritablement renforcer notre souveraineté nationale. Nous dénonçons cette présence étrangère et demandons aux autorités compétentes de garantir que les décisions sécuritaires soient prises exclusivement par les Camerounais, pour les Camerounais », poursuit le PURS.

Un candidat souverainiste à la présidentielle de 2025

Pour Serge Espoir Matomba, le Cameroun ne doit pas accepter une ingérence supplémentaire. Le leader du PURS affirme que la souveraineté du peuple camerounais est non négociable et entend en faire un axe majeur de sa campagne.

« Nous nous battrons pour un Cameroun souverain, où les décisions politiques sont prises par et pour les Camerounais. Notre nation doit se tenir debout et imposer son autonomie sur la scène mondiale. »

Cette position s’inscrit dans un climat politique marqué par la préparation de l’élection présidentielle. Plusieurs personnalités ont déjà annoncé leur candidature. Parmi les éléments marquants du contexte électoral figure la convention signée le 9 mai 2025 entre Elections Cameroon (ELECAM) et l’Organisation des Nations unies (ONU), relative à un appui technique au processus électoral.

Si le gouvernement présente cette convention comme un gage de transparence et d’inclusivité, le PURS y voit une nouvelle ingérence étrangère. Lors d’un point de presse tenu à Douala à ce propos, Serge Espoir Matomba avait exprimé son indignation.

« Nous refusons toute intrusion étrangère dans les affaires internes du Cameroun ! Nous exigeons une souveraineté totale et incontestable de notre pays ! » Et d’interroger : « Pourquoi l’ONU intervient-elle dans notre processus électoral alors qu’elle n’a jamais signé de telles conventions avec les États-Unis, la France ou la Russie ? Pourquoi toujours en Afrique ? Pourquoi encore au Cameroun ? »

Le candidat du PURS appelle les citoyens à prendre conscience des enjeux : « Le Cameroun nous appartient, et nous sommes déterminés à le protéger. Nous appelons chaque citoyen à défendre avec force l’indépendance du Cameroun. »

Une coopération critiquée dans un climat préélectoral tendu

La venue du général Bonneau s’inscrit officiellement dans le cadre d’un renforcement de la coopération sécuritaire, notamment en matière de formation, de lutte contre le terrorisme et de criminalistique. Toutefois, dans un contexte électoral sensible, certains partis et organisations civiles redoutent une instrumentalisation politique de ces partenariats.

Le PURS insiste sur son attachement à une indépendance absolue des institutions camerounaises et à une gestion souveraine des enjeux sécuritaires et électoraux.

Pour sa part, le président du Conseil électoral, Enow Abrams Egbe, précise, dans un communiqué daté du 15 mai, que l’ensemble des opérations électorales sont financées par le Trésor public camerounais, et que l’appui de l’ONU relève d’un soutien strictement technique, fondé sur l’expertise internationale de l’institution. Mais pour Serge Espoir Matomba, le Cameroun ne doit plus se soumettre à aucune forme de tutelle, même technique.

Le gouvernement camerounais n’a pas encore officiellement réagi aux déclarations du PURS. Dans les milieux de la Défense, on souligne cependant le caractère stratégique de la coopération avec la France, notamment face aux menaces transfrontalières qui persistent dans certaines régions du pays.

Simon Keng

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