Le 29 juillet 2025 marquera un triste anniversaire au Cameroun : neuf ans de détention pour Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV). Condamné dans des circonstances qualifiées d’arbitraires par ses proches, cet homme de médias, aujourd’hui âgé de 74 ans, demeure incarcéré malgré les appels répétés à sa libération, tant d’instances internationales que de la société civile.
Amadou Vamoulké entouré de ses proches
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Amadou Vamoulké : un appel à la justice après neuf ans d’incarcération

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Le 29 juillet 2025 marquera un triste anniversaire au Cameroun : neuf ans de détention pour Amadou Vamoulké, ancien directeur général de la Cameroon Radio Television (CRTV). Condamné dans des circonstances qualifiées d’arbitraires par ses proches, cet homme de médias, aujourd’hui âgé de 74 ans, demeure incarcéré malgré les appels répétés à sa libération, tant d’instances internationales que de la société civile.

Une lettre poignante

Dans une lettre poignante publiée le 4 juillet sur les réseaux sociaux, son fils, Silinga Vamoulké Amadou, s’exprime au nom de sa famille et de « tous ceux que son père a portés ». Il dénonce une « peine injuste et politique », un « procès kafkaïen » et « une souffrance familiale silencieuse », à quelques jours de cette date symbolique.

Un procès interminable

Depuis son arrestation en juillet 2016, Amadou Vamoulké a comparu à plus de 100 audiences, toutes marquées par des renvois successifs. En juin 2020, le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a qualifié sa détention d’« arbitraire », appelant à sa libération immédiate. Malgré ces critiques internationales, notamment de l’Union européenne et de plusieurs parlementaires étrangers, le journaliste reste en détention. « Son nom a dépassé les frontières du Cameroun », rappelle son fils, qui voit dans cette incarcération prolongée le signe d’une « condamnation politique », conséquence du refus de son père de céder aux compromissions.

Un héritage d’intégrité

Dans sa lettre, Silinga Vamoulké rend hommage à un homme qu’il décrit comme intègre, rigoureux et fidèle à ses principes. « Il ne nous a pas laissé une fortune, il nous a laissé un nom », écrit-il. Un nom qui, selon lui, « dérange » dans un système où « l’intégrité devient suspecte ». Le portrait dressé est celui d’un patriarche enraciné dans sa région du Mayo-Danay, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, où il a initié la 1ʳᵉ Conférence économique départementale et fondé le festival culturel Kodomma, devenu une vitrine de la diversité locale. Même en détention, il poursuit son engagement à travers la création d’une association visant à promouvoir, dans les communautés de base, l’adaptation des innovations mondiales à l’échelle locale.

Une famille en souffrance

L’appel de Silinga Vamoulké résonne aussi comme celui d’un fils à bout de souffle, d’un frère solidaire, d’un témoin d’un drame familial. « La prison de mon père a détruit l’équilibre de notre mère », confie-t-il, évoquant une femme « silencieusement brisée » par les années de souffrance. « On peut accepter la maladie. On peut même se préparer au deuil. Mais jamais à l’incarcération d’un homme juste », écrit-il dans un passage particulièrement poignant. Il décrit un « séisme moral », un « vertige permanent », une « souffrance sourde et continue » qui mine la cellule familiale depuis bientôt 3 300 jours.

Un appel à l’éveil des consciences

Au-delà du destin individuel d’Amadou Vamoulké, cette lettre constitue un appel à l’éveil des consciences. « Le Cameroun ne guérira pas sans justice », affirme Silinga. Pour lui, la libération de son père ne serait pas une faveur, mais « la correction d’une erreur d’État ». Dans cet élan, il interpelle également les élites politiques, religieuses, intellectuelles et traditionnelles du Grand Nord camerounais. Il les exhorte à se mobiliser, à l’instar de ce qui fut fait en 2012 pour Haman Adama, ancienne ministre de l’Éducation de base, dont l’élan de solidarité régional avait contribué à hâter la libération après quatre ans de détention préventive. « L’injustice faite à un des nôtres ne doit pas laisser le reste de la communauté dans l’indifférence », souligne-t-il.

Un cri pour la justice

« Il est temps », conclut Silinga Vamoulké. « Il est temps de libérer cet homme. Il est temps de réparer cette injustice. » Dans un contexte de tensions récurrentes entre la société civile camerounaise et le pouvoir judiciaire, ce cri s’ajoute à une longue liste de revendications pour une justice plus indépendante, équitable et humaine.

Louis Ebene

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