Maroua, un départ symbolique dans un contexte sécuritaire fragile
Le choix de Maroua n’est pas anodin. L’Extrême-Nord, qui compte plus de trois millions d’habitants, présente un poids électoral notable et reste marqué par les incursions de Boko Haram dans la zone frontalière avec le Nigeria. Ouvrir la campagne dans cette région permet au chef de l’État d’afficher sa proximité avec des populations éprouvées et de rappeler que la sécurité figure au centre de son programme.
Douala, capitale économique et baromètre politique
Après Maroua, la tournée se poursuit à Douala. Ville la plus peuplée du pays et principal centre économique, Douala est aussi un terrain favorable à l’opposition, qui y réalise régulièrement des scores importants. La présence du président sortant vise à démontrer sa capacité à préserver la stabilité et à rassembler au-delà des clivages politiques.
Une troisième étape sous haute surveillance
La dernière escale du 7 octobre n’est pas encore fixée. Un déplacement à Bamenda ou à Buéa, dans les régions anglophones, serait perçu comme un geste envers des territoires secoués par une crise sociopolitique et sécuritaire ouverte en 2016. Ce conflit entre forces armées et groupes séparatistes a fait plus de 6 000 morts et contraint plus de 700 000 personnes à se déplacer, selon des organisations internationales. À l’inverse, Bertoua représenterait un clin d’œil à une région traditionnellement fidèle au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), tandis que Kribi mettrait l’accent sur les ambitions économiques et touristiques, avec un port en expansion.
Réaffirmer une longévité politique
Cette tournée, si elle est confirmée, doit permettre au président, au pouvoir depuis 1982, d’inscrire sa longévité dans le débat public et d’affermir son image d’homme de stabilité. Réélu en 2018 avec 71,28 % des suffrages face à Maurice Kamto (14,23 %), Paul Biya reste, pour ses partisans, celui qui a préservé le Cameroun des guerres civiles qui ont ravagé plusieurs pays voisins.
Un signal à l’opposition et à l’international
Au plan national, une campagne active vise à montrer à l’opposition que le président continue de maîtriser le calendrier politique. Sur le plan international, elle veut traduire la volonté de maintenir l’indépendance du pays malgré les pressions diplomatiques et la fragilité sécuritaire, et conforter la stature de Paul Biya sur la scène africaine.
Une victoire attendue par le RDPC
Pour le RDPC, l’objectif est net : obtenir une victoire nette. Les sections locales multiplient les appels à la mobilisation, convaincues que le scrutin de 2025 confortera le président sortant. Pour ses partisans, la victoire est présentée comme une évidence.
La campagne, qui débute à Maroua puis se poursuit à Douala, sera suivie de près tant pour son enjeu électoral que pour le message politique qu’elle veut faire passer.
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