La réaction sur les réseaux a été immédiate : internautes, associations et militants pour les droits de l’enfant dénoncent une agression qualifiée d’« abominable » et d’« insoutenable ». Les commentaires pointent non seulement l’auteur présumé, mais aussi l’absence de réponse des institutions chargées de la protection des mineurs.
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Au Cameroun, une vidéo d’abus sexuel sur une enfant choque l’opinion, Yaoundé reste muet

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La réaction sur les réseaux a été immédiate : internautes, associations et militants pour les droits de l’enfant dénoncent une agression qualifiée d’« abominable » et d’« insoutenable ». Les commentaires pointent non seulement l’auteur présumé, mais aussi l’absence de réponse des institutions chargées de la protection des mineurs.

Depuis la diffusion, aucune déclaration officielle n’a été publiée, aucune enquête rendue publique et aucune arrestation annoncée. Ce silence alimente un sentiment d’indifférence institutionnelle. « On ne peut pas laisser passer un crime pareil sans réaction immédiate de l’État », déclare une militante pour la protection de l’enfance.

Des chiffres alarmants

Les données disponibles confirment l’ampleur du problème au Cameroun. Une enquête conduite à Yaoundé auprès de 1 688 élèves a révélé que 15,9 % d’entre eux avaient subi un abus sexuel avant l’âge de 16 ans, dont 72,5 % de filles et 27,5 % de garçons. Les violences signalées vont des attouchements aux viols, en passant par l’exposition à des scènes pornographiques.

Selon l’ONG CIPCRE, 475 cas de violences sexuelles sur des enfants âgés de 15 mois à 18 ans ont été dénoncés entre janvier 2015 et juin 2016. Parmi eux, 36 concernaient des enfants de moins de 7 ans. Plusieurs victimes ont subi des grossesses précoces, des blessures graves, voire des décès, ou ont contracté des infections sexuellement transmissibles.

L’UNICEF estime par ailleurs que des milliers d’enfants au Cameroun sont exposés chaque année à des violences sexuelles, souvent sans qu’aucune procédure judiciaire n’aboutisse. Les obstacles sont nombreux : tabous sociaux, peur de représailles, insuffisance de structures spécialisées pour l’accueil et le suivi des victimes, lenteur des procédures judiciaires.

Dans le cadre de l’exploitation sexuelle commerciale, plus de 4 000 mineurs âgés de 11 à 17 ans seraient impliqués dans la prostitution, la grande majorité étant des filles, selon des études relayées par des ONG locales.

Une question de société

Au-delà de l’émotion suscitée par la diffusion de la vidéo, la question demeure : quelle place la société accorde-t-elle aux droits des enfants ? Alors que l’opinion réclame justice, les demandes de transparence et d’action se multiplient. Pour les associations, cette affaire souligne la nécessité de passer d’une indignation ponctuelle à une politique publique cohérente et ferme contre les violences sexuelles faites aux mineurs.

Louis Ébène

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