La date de la prochaine élection présidentielle camerounaise a été officialisée ce vendredi 11 juillet 2025 par le chef de l’Etat, Paul Biya. Selon le décret présidentiel, elle aura lieu le dimanche 12 octobre 2025. Le président du Mouvement camerounais pour la social-démocratie, Vincent-Sosthène Fouda saisit l’occasion pour écrire au peuple. Lire sa lettre ouverte ci-dessous.
Lettre du président du Mouvement Camerounais Pour la Social-Démocratie au Peuple Camerounais
Camerounaises, Camerounais,
Notre avenir, comme notre destin, sont liés pour toujours. Nul ne peut prétendre s’en détacher sans renier l’essence même de notre humanité partagée. En ce mois d’octobre 2025, un tournant s’impose à nous. Il ne s’agit pas d’un simple moment dans le calendrier, mais d’un appel profond à la conscience collective, à la responsabilité historique, à la parole vraie.
Nous avons l’expérience de la palabre. Sous l’ombre bienveillante du grand fromager, nos ancêtres savaient écouter, parler, débattre, décider ensemble. Ce n’était pas faiblesse, mais sagesse. Ce n’était pas lenteur, mais respect du temps de l’autre. Aujourd’hui, cette tradition nous appelle à nouveau.
J’ai à vous dire…
J’ai à vous dire que le silence n’est plus une option. Que l’indifférence est une trahison. Que la peur ne peut plus être notre boussole. J’ai à vous dire que le Cameroun mérite mieux que les divisions, les rancœurs, les replis. Nous sommes un peuple riche de sa diversité, fort de ses douleurs, debout malgré les vents contraires.
J’ai à vous dire que le dialogue n’est pas une faiblesse, mais un acte de courage. Que tendre la main n’est pas capituler, mais construire. Que rêver ensemble n’est pas fuir la réalité, mais la transformer.
Octobre 2025 nous oblige. Il nous oblige à regarder en face nos blessures, nos échecs, nos espoirs. Il nous oblige à inventer un avenir qui ne soit pas la répétition du passé. Il nous oblige à parler, à écouter, à comprendre, à agir.
Peuple camerounais, l’heure est venue. L’heure de la parole vraie. L’heure de la réconciliation. L’heure de la refondation.
Sous l’ombre du grand fromager, retrouvons-nous. Parlons. Écoutons. Décidons. Ensemble.
Avec respect et espoir,
Nous avons traversé tant d’épreuves ensemble. Des années de luttes, de douleurs, de victoires arrachées à la ténacité. Nous avons connu les vents contraires, les silences pesants, les espoirs suspendus. Mais nous avons tenu bon. Ensemble.
Aujourd’hui, une génération d’hommes et de femmes politiques s’apprête à quitter la scène. Une génération qui, pendant plus de cinquante ans, a servi le peuple, avec ses grandeurs et ses limites, ses réussites et ses erreurs. Ce départ n’est pas une fin, mais un passage. Un moment de transmission. Un moment de vérité.
À ceux qui s’en vont, nous devons reconnaissance pour les chemins ouverts, les institutions bâties, les équilibres maintenus parfois au prix de lourds sacrifices. Mais à ceux qui arrivent, nous devons exigence. L’exigence d’un renouveau sincère. L’exigence d’un engagement profond. L’exigence d’un Cameroun réconcilié avec lui-même.
Ce moment est historique. Il nous oblige à penser l’après. À rêver autrement. À construire un avenir qui ne soit pas l’écho fatigué du passé, mais l’élan d’un peuple debout, lucide, et résolument tourné vers demain.
À vous, la jeunesse du Cameroun,
À vous qui portez en vous les rêves inachevés de vos aînés,
À vous qui êtes à la fois mémoire et promesse,
Nous vous regardons avec espoir, mais aussi avec exigence.
Vous êtes nés dans un monde en mutation, dans un pays aux potentialités immenses mais encore trop souvent bridées. Vous avez grandi avec les outils du monde moderne, connectés, informés, lucides. Vous n’êtes pas dupes. Vous voyez les failles, les injustices, les lenteurs. Mais vous portez aussi en vous une énergie que rien ne peut contenir.
Nous attendons de vous non pas la perfection, mais l’audace.
Non pas la soumission, mais la responsabilité.
Non pas la fuite, mais l’engagement.
Nous attendons de vous que vous preniez la parole, que vous occupiez l’espace public, que vous transformiez l’indignation en action, la colère en projet, le rêve en réalité. Que vous soyez les bâtisseurs d’un Cameroun nouveau, plus juste, plus solidaire, plus libre.
Mais nous savons aussi que vous ne pouvez pas tout faire seuls. C’est pourquoi nous, les générations d’hier et d’aujourd’hui, avons le devoir de vous ouvrir les portes, de vous transmettre les clés, de vous faire confiance.
Le Cameroun de demain ne se fera pas sans vous. Il se fera avec vous, ou il ne se fera pas.
Plus que jamais, l’unité nationale doit redevenir notre boussole. Non pas une unité de façade, imposée par le haut, mais une unité vécue, ressentie, construite par chacun d’entre nous, dans nos quartiers, nos villages, nos régions, nos cœurs.
Nous sommes un peuple aux mille visages, aux langues multiples, aux cultures riches et entremêlées. Cette diversité n’est pas une faiblesse. Elle est notre force. Elle est notre richesse. Elle est notre chance.
Mais cette unité ne se décrète pas. Elle se cultive. Elle se mérite. Elle se protège. Elle exige de nous de dépasser les clivages artificiels, les discours de haine, les replis identitaires. Elle exige que nous regardions l’autre non comme une menace, mais comme un frère, une sœur, un partenaire de destin.
Le Cameroun ne peut se permettre de se fragmenter. Il ne peut se permettre de continuer à avancer à plusieurs vitesses, à plusieurs vérités, à plusieurs douleurs. Il est temps de panser les blessures, de reconnaître les torts, de tendre la main.
L’unité nationale, ce n’est pas l’uniformité. C’est l’harmonie dans la différence. C’est la justice pour tous. C’est la paix durable. C’est la promesse que, où que l’on naisse au Cameroun, on a droit à la dignité, à la parole, à l’avenir.
Nous devons maintenant lever les yeux vers l’horizon. Imaginer ce que pourrait être le Cameroun de demain. Un Cameroun où chaque enfant, qu’il naisse à Mokolo, à Bafoussam, à Ebolowa ou à Douala, ait les mêmes chances de réussir. Un Cameroun où l’on soigne sans distinction, où l’on éduque sans privilège, où l’on juge avec équité.
Un Cameroun où l’on ne gouverne plus pour durer, mais pour servir. Où la politique redevient un engagement noble, au service du bien commun. Où les institutions sont fortes, respectées, et au-dessus des hommes.
Un Cameroun où la jeunesse n’est plus condamnée à l’exil ou à l’attente, mais actrice de son destin. Où les femmes prennent toute leur place. Où les anciens sont écoutés, et les artistes célébrés.
Un Cameroun réconcilié avec sa mémoire, fier de son histoire, mais tourné vers l’avenir. Un Cameroun debout, digne, fraternel.
Ce rêve n’est pas naïf. Il est nécessaire. Il est possible. Mais il ne se réalisera que si nous le portons ensemble, avec courage, avec lucidité, avec amour.
Alors, peuple camerounais, levons-nous. Parlons. Écoutons. Agissons. Ensemble.
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