À l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, l’opposition camerounaise révèle des divisions inquiétantes. Le « Groupe de Douala », un collectif informel censé rassembler les forces anti-Biya, traverse une crise qui met en lumière les failles internes compromettant toute stratégie d’unité.
Une exclusion qui exacerbe les tensions
Tout débute par un communiqué sans appel. Le 1er juin 2025, Anicet Ekane, porte-parole autoproclamé du groupe, annonce l’exclusion du professeur Aba’a Oyono. La raison ? Son soutien affiché à Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), lors d’un meeting à Paris.
« Le Groupe de Douala n’a à ce jour plébiscité aucune candidature », précise le communiqué, ajoutant que le professeur se serait « auto-exclu » de la dynamique en cours. Cette formulation trahit les désaccords sur la ligne à adopter face au parti au pouvoir.
Un retour de flamme immédiat
Dès le lendemain, Cyrille Sam Mbaka, figure influente du groupe, publie un contre-communiqué : « Je me désolidarise du texte signé par Anicet Ekane », écrit-il, réaffirmant son attachement au « processus de rassemblement ».
Le débat met en lumière deux camps :
– ceux qui souhaitent sceller rapidement une alliance autour de Kamto ;
– ceux qui privilégient une approche inclusive et plus large.
Les ombres d’un passé récurrent
Pour les analystes politiques, cette crise rappelle un scénario déjà vu. En 2018, les divisions de l’opposition avaient facilité une réélection sans surprise pour Paul Biya.
« C’est le syndrome de Sisyphe », commente un universitaire de Yaoundé. « À chaque élection, les mêmes désaccords émergent, les ego s’entrechoquent, et le pouvoir en place en profite. »
La montre tourne
Le temps joue contre l’opposition. Les candidatures doivent être déposées d’ici le 15 août. Toute alliance sérieuse nécessite des négociations rapides et complexes. En face, le RDPC affiche une unité, du moins en apparence.
Dans les chancelleries, l’inquiétude grandit. « Sans unification, l’opposition risque de se condamner elle-même à l’échec », confie un diplomate européen en poste à Yaoundé.
Et maintenant ?
Trois issues principales se dessinent :
1. Une médiation de dernière minute pour recoller les morceaux
2. L’émergence d’un candidat de consensus
3. Une nouvelle division des voix, synonyme de défaite
À un moment où le Cameroun fait face à de multiples crises ( séparatisme dans les régions anglophones, difficultés économiques et tensions sociales) cette désunion pourrait offrir un nouveau répit à un régime affaibli mais toujours en place.
Le compte à rebours est lancé.
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