Alors que le gouvernement camerounais compte plus de soixante membres, plusieurs ministères affichent des attributions similaires ou croisées. Une situation qui ralentit l’action publique et soulève des questions sur l’efficacité administrative. 
Joseph Dion Ngute, Premier ministre du Cameroun
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Administration publique : pourquoi le Cameroun cumule les fonctions ministérielles

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Alors que le gouvernement camerounais compte plus de soixante membres, plusieurs ministères affichent des attributions similaires ou croisées. Une situation qui ralentit l’action publique et soulève des questions sur l’efficacité administrative. 

Depuis plusieurs années, la structuration de l’appareil gouvernemental camerounais est régulièrement critiquée pour son caractère pléthorique et ses compétences parfois mal délimitées. Le constat est clair : plusieurs ministères interviennent dans des secteurs voisins, avec des missions qui se recoupent, des responsabilités partagées et des projets communs. Un chevauchement de fonctions qui freine souvent la conduite des politiques publiques et complexifie le fonctionnement de l’État.

Parmi les exemples les plus frappants figure le tandem Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT) et Ministère de la Décentralisation et du Développement Local. Alors que le premier assure la tutelle des collectivités locales, le second est chargé d’accompagner la décentralisation et le développement des communes et régions. Résultat : des zones grises administratives et des conflits d’attributions dans la gestion des affaires locales.

Même situation dans le secteur éducatif où quatre ministères se partagent la gestion des différents ordres d’enseignement : Ministère de l’Enseignement de Base, Ministère des Enseignements Secondaires, Ministère de l’Enseignement Supérieur et Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation. Cette dispersion nuit à la cohérence des politiques éducatives et à la synergie des actions.

Autre illustration : Ministère de l’Eau et de l’Énergie et Ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable interviennent souvent sur les mêmes projets hydrauliques ou énergétiques, ce qui rallonge les procédures et multiplie les autorisations administratives.

Ces chevauchements de compétences ne sont pas le fruit du hasard. Ils s’expliquent par plusieurs facteurs historiques et politiques. D’abord, la volonté de préserver un équilibre régional et politique au sein de l’exécutif pousse à la création de portefeuilles supplémentaires pour satisfaire les différentes sensibilités du pays. Ensuite, cette démultiplication permet à l’exécutif de répartir les centres de pouvoir et de contrôler les secteurs clés en évitant qu’un seul ministère concentre trop de responsabilités.

Enfin, l’absence de réforme administrative structurelle depuis plusieurs décennies a conduit à un empilement progressif des départements ministériels et à la création de nouveaux postes à forte valeur politique ou symbolique, indépendamment de leur réelle utilité fonctionnelle.

Cette architecture gouvernementale foisonnante entraîne plusieurs effets négatifs :

  • Des procédures administratives longues et lourdes
  • Une dilution des responsabilités en cas de dysfonctionnement
  • Des retards fréquents dans la mise en œuvre des projets publics
  • Une consommation excessive des ressources de l’État

Pour les citoyens, ces chevauchements se traduisent par une lenteur dans l’exécution des décisions et un flou dans l’identification des interlocuteurs compétents pour leurs préoccupations.

Face à cette situation, plusieurs spécialistes et organisations de la société civile plaident pour une rationalisation de la structure ministérielle camerounaise. Parmi les pistes proposées : la fusion des ministères aux attributions proches, la clarification des champs de compétence et la création d’une instance de contrôle et de coordination gouvernementale. L’objectif serait de réduire le nombre de portefeuilles, de renforcer les capacités opérationnelles des départements restants et de fluidifier la prise de décision.

Cette réforme permettrait non seulement de réaliser des économies budgétaires mais aussi d’améliorer la qualité des services publics et la performance globale de l’appareil administratif camerounais. Rappelons que le gouvernement camerounais actuel, dirigé par le Premier ministre Joseph Dion Ngute depuis janvier 2019, comprend 63 membres.

Caliste Talla (correspondance particulière)

Les membres du comité d’organisation, Bertrand TIOTSOP du Cabinet Publicity and Design et William CHENKEP N. du Cabinet Will&GrHow répondent à nos questions sur ce grand évènement des stars.  

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