Je reviens du Gabon. Et ce que j’y ai vu m’a remué. Ce n’est pas seulement la beauté tranquille du littoral gabonais, ni les sourires pleins d’espoir que l’on croise dans les rues de Libreville. C’est ce frisson collectif, ce souffle nouveau que l’on sent, presque physiquement, dans l’air. Un peuple s’est levé. Un peuple a décidé d’écrire une autre histoire. Une histoire sans la tribu au centre.
Pierre Laverdure Ombang, journaliste
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Je reviens du Gabon (suite): le Gabon nous parle. Oui ce petit pays d’Afrique centrale nous parle !

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Il ne nous invite pas à un coup d’État. Il ne nous pousse pas à renverser un régime. Il nous adresse un appel plus profond, plus exigeant : celui de la conscience. Une conscience citoyenne, collective, déterminée. Un réveil intérieur, un sursaut du peuple, avec le peuple, pour le peuple.

Ce que j’ai vu au Gabon, ce n’est pas une prise de pouvoir par les armes, c’est une reconquête symbolique du destin national par les citoyens. Dans les rues, les marchés, les écoles, j’ai entendu ce mot revenir comme un refrain : *“C’est maintenant ou jamais.”* Les Gabonais ont compris que leur avenir ne pouvait plus être laissé à la merci d’une minorité accrochée au pouvoir. Qu’il fallait oser se parler, se rassembler, et surtout : espérer ensemble.

Espérer, ce n’est pas rêver passivement. C’est croire en la possibilité du changement et s’y préparer activement. Au Cameroun, cette espérance s’étiole, rongée par des décennies d’immobilisme. Paul Biya est au pouvoir depuis 42 ans. Une éternité politique qui a figé les ambitions, éteint les alternatives et relégué l’avenir à une abstraction lointaine.

Mais le Gabon nous dit que l’histoire peut bifurquer. Que rien n’est gravé dans le marbre. Que l’usure du pouvoir n’est pas une fatalité. Que la résignation n’est pas une identité.

J’ai vu des jeunes gabonais créer des plateformes citoyennes, discuter de leur avenir , proposer des idées de réforme. J’ai vu des fonctionnaires qui reprennent confiance dans l’administration. J’ai vu des artistes qui chantent un pays en reconstruction. Rien n’est encore parfait, rien n’est encore gagné, mais tout a commencé.

Et chez nous ? Chez nous, il est encore temps.

Le Cameroun peut encore se lever. Il peut décider de redonner du sens à la République. Il peut sortir du piège des fidélités ethniques pour entrer dans l’ère des responsabilités civiques. Mais cela suppose un choix collectif : celui de l’audace contre la peur, de l’unité contre les clivages, du dialogue contre les slogans.

Le Gabon ne nous donne pas une leçon. Il nous offre un exemple. À nous d’en faire une inspiration. À nous de comprendre que ce n’est pas une question de militaires ou de partis, mais de volonté populaire. De capacité à s’élever au-dessus des calculs à court terme pour bâtir un horizon commun.

Oui, j’ai vu l’espoir au Gabon. Et j’ai compris que cet espoir ne devait pas mourir au Cameroun. Il ne doit pas mourir dans nos quartiers, nos lycées, nos villages. Il doit circuler dans nos veines, dans nos mots, dans nos actes. Ce n’est pas un général qu’il nous faut. C’est une génération éveillée, informée, mobilisée.

Le Gabon s’est levé. Et si, à notre tour, nous acceptions de croire que le Cameroun aussi peut se relever ?

Tout commence par un regard lucide dans le miroir. Par un refus. Un refus de continuer à vivre à genoux. Et par un mot : ENSEMBLE.

Par Pierre Laverdure OMBANG

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